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Entre la France et la Russie, minicrise diplomatique au dîner des Arméniens de France

Personne, à la tribune où se sont succédé les orateurs, n’avait signalé sa présence aux 465 invités assis autour des tables : l’ancien président de la République François Hollande, le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, le maire (divers gauche) de Marseille, Benoît Payan (divers gauche), et de nombreux élus, parlementaires, journalistes, mais aussi diplomates et ambassadeurs… Nul non plus n’a commenté après coup la pièce diplomatique qui s’est jouée, mercredi 20 mars, au dîner organisé par le Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF), dans un hôtel du 8e arrondissement de Paris. L’ambassadeur de Russie en France, Alexeï Mechkov, a en effet quitté sa table après le discours du premier ministre, Gabriel Attal, qui venait de critiquer la Russie.

En ce premier jour du printemps, la diaspora arménienne de France avait convié, comme chaque année, ceux que ses organisateurs appellent « les amis de l’Arménie ». Cette année, le rendez-vous était empreint d’une gravité toute particulière. L’intervention militaire lancée par l’Azerbaïdjan le 19 septembre 2023 pour reprendre le contrôle de l’enclave du Haut-Karabakh a provoqué le départ forcé de 100 000 Arméniens de cette province vers l’Arménie voisine.

Conviés à la tribune, l’écrivain Sylvain Tesson et le directeur adjoint de la rédaction du Figaro Magazine, Jean-Christophe Buisson, tout juste rentrés d’Arménie, comme la maire de Paris, la socialiste Anne Hidalgo, et le président du conseil régional des Hauts-de-France, Xavier Bertrand (Les Républicains), y ont tous fait longuement écho. Le premier ministre, Gabriel Attal, hôte d’honneur de la soirée, doit clore ces discours devant le représentant du Kremlin à Paris, a appris Matignon quelques heures plus tôt.

Régulièrement convoqué au Quai d’Orsay

L’Arménie a longtemps été l’alliée de la Russie et, à l’image de la communauté arménienne – à l’étranger comme à Erevan –, le CCAF est tiraillé par les récents basculements géopolitiques et diplomatiques. L’un des coprésidents appartient d’ailleurs au Dachnak, le Parti socialiste arménien, formation historiquement indulgente envers Moscou. Malgré le conflit au Haut-Karabakh et l’abandon par la Russie de ses engagements diplomatiques, M. Meshkov a de nouveau été convié au dîner annuel, comme les années précédentes, après que la Russie a envahi l’Ukraine.

De son pupitre, Gabriel Attal ne dénonce pas l’accord gazier entre Bruxelles et Bakou, signé quelques mois après l’agression russe contre l’Ukraine, mais prend bien soin, puisque l’ambassadeur est présent, de rappeler longuement la responsabilité de la Russie dans le conflit arméno-azerbaïdjanais. Il a en face de lui un homme régulièrement convoqué au Quai d’Orsay, comme le 5 février, après la mort de deux humanitaires français en Ukraine, et alors qu’Emmanuel Macron répète que « rien ne doit être exclu » concernant l’envoi de soldats occidentaux en Ukraine.

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