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Le dépistage prénatal du cytomégalovirus encore retoqué : une pandémie invisible que le Haut Conseil de la santé publique choisit d’ignorer

En France, la pratique médicale recommande le dépistage de certaines infections chez les femmes enceintes pour prévenir la transmission au fœtus. Parmi elles, la rubéole, la toxoplasmose et la syphilis ont historiquement fait l’objet de cette prévention. L’efficacité de cette stratégie – et la prise en compte de la diminution de la prévalence de ces maladies – a ensuite permis l’abandon de leur dépistage systématique ou une prévention ciblée chez les femmes à risque dans la plupart des pays développés. Le cytomégalovirus (CMV), malgré sa fréquence plus élevée et ses conséquences graves, est étonnamment exclu de ce dépistage. Il touche environ 4 nouveau-nés sur 1 000 en France (soit environ 2 900 par an) et constitue la première cause de handicap neurosensoriel congénital, en dehors des anomalies génétiques. En effet, environ 18 % des nouveau-nés infectés par ce virus (soit environ 500 par an) développeront des séquelles : déficit de l’audition, trouble de l’équilibre, déficit moteur, retard mental.

Les femmes les plus vulnérables sont celles qui n’ont encore jamais été infectées par le CMV (50 % de la population des femmes de 15 à 45 ans), et qui ont déjà un enfant, le plus souvent âgé de moins de 3 ans fréquentant une collectivité. A son contact, elles sont susceptibles de s’infecter pour la première fois juste avant ou au début de leur grossesse. Ces femmes ainsi exposées ont environ 10 % de risque de contracter l’infection et, lorsqu’elles sont infectées, un risque de 30 % de la transmettre à leur embryon. Le diagnostic précoce de l’infection fœtale repose sur une amniocentèse, procédure indiquée quand un test sérologique au premier trimestre révèle l’apparition d’anticorps spécifiques au CMV témoins de cette infection.

Dans ce contexte, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a été sollicité en 2018 pour envisager le dépistage sérologique du CMV en début de grossesse. L’avis rendu fut défavorable, principalement en raison de l’absence de traitement préventif de la transmission materno-fœtale. Cette position, que ne partagent pas de nombreux professionnels de santé spécialisés, a entraîné une disparité dans l’accès aux soins puisque seulement 40 % des femmes enceintes bénéficient d’un dépistage, à la suite d’un conseil médical ou parce qu’elles en font la demande. Aujourd’hui, en cas d’infection récente, elles peuvent bénéficier d’une prise en charge préventive fondée sur des données solides de la littérature scientifique niées par le HCSP. Pour les autres, la révélation de l’existence de cette infection se fait dans des circonstances difficiles, plus tardivement au cours de la grossesse à l’occasion de l’apparition de signes échographiques fœtaux préoccupants ou à la naissance lorsque leur nouveau-né présente des symptômes inquiétants.

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