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Nouvelle-Calédonie : « Nous sommes au carrefour des vérités »

Le député Renaissance Philippe Dunoyer, à Matignon, à Paris, le 6 septembre 2023.

L’Assemblée a approuvé lundi 18 mars le projet de loi organique permettant de décaler de mai à décembre les élections provinciales de Nouvelle-Calédonie, dans les mêmes termes que le Sénat. Avec la majorité, ont voté « pour » le Rassemblement national, la droite et le Parti socialiste.

« Nous voilà cette semaine au carrefour des vérités », commente le rapporteur (groupe Renaissance) Philippe Dunoyer, élu du territoire. Car la prochaine étape mobilise toutes les forces politiques, nationales comme locales : celle d’un périlleux projet de loi constitutionnelle qui arrive en commission des lois du Sénat mercredi 20 mars, avant un examen le 26 mars en séance, pour élargir le corps électoral du territoire sous condition de dix ans de résidence.

Ajoutant 25 000 votants, cette réforme est jugée nécessaire par le Conseil d’Etat pour tenir le scrutin, car trop de citoyens sont écartés des listes électorales provinciales. En raison des accords politiques passés, Matignon (1988) et Nouméa (1998), qui ont rééquilibré les institutions en faveur d’une population kanak minoritaire, puis du gel du corps électoral en 2007, le sujet cristallise les tensions sur la scène politique : chaque camp, indépendantiste et loyaliste, accuse l’autre de vouloir le « noyer ».

Discussions suspendues

Un vif échange a opposé le ministre de l’intérieur au député de Guyane Jean-Victor Castor (groupe gauche démocrate et républicaine), qui dénonce le colonialisme de la France. « Je suis petit-fils de colonisé !, a rétorqué Gérald Darmanin. Où avez-vous vu que tous les Kanak sont indépendantistes ? Il y a aussi des Européens indépendantistes. Votre essentialisme sur la couleur de peau est scandaleux. »

Pour la suite, les acteurs du dossier sont plus prudents que jamais. Les discussions politiques en cours depuis deux ans entre indépendantistes, loyalistes et Etat, sur les futures relations du territoire avec la France, sont suspendues. Des incidents limités, qui ont blessé cinq gendarmes, ont éclaté à Nouméa lors de la dernière visite de Gérald Darmanin, le 21 février, et plusieurs centaines d’indépendantistes ont gêné le 23 février la venue du garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, sur le futur site de la prison de Koné, au nord du Caillou.

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Le projet institutionnel de l’Etat mis sur la table début 2023 n’est plus travaillé depuis des mois. Aggravant le reproche de ne plus être impartial, le ministère de l’intérieur a poussé, en vain, le projet fédéraliste de la cheffe de file des Loyalistes au congrès local, Sonia Backès, ancienne secrétaire d’Etat de Gérald Darmanin. Celle-ci avait, avec ses partenaires du Rassemblement (droite), amorcé fin janvier des discussions avec des représentants du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) ; elles ont capoté.

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