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A l’Elysée, la revanche de Bruno Roger-Petit, récit d’une discrète lutte d’influence autour d’Emmanuel Macron

Bruno Roger-Petit au palais de l’Elysée, à Paris, le 7 juillet 2020.

La salle des fêtes du palais de l’Elysée s’est vidée. Ce mardi 16 janvier, Emmanuel Macron rejoint le salon des portraits, pour un dernier verre avec ses ministres et ses conseillers. Le président de la République vient de donner une conférence de presse, point d’orgue d’un grand « chamboule-tout » rythmé par la nomination, le 9 janvier, de Gabriel Attal, 34 ans, à Matignon, censée symboliser une « audace » retrouvée, et par le retour de figures de la droite sarkozyste dans un gouvernement amputé de son aile gauche. Il est urgent de redonner un cap à un mandat jugé ensablé.

« Ça allait, non ? », s’enquiert-il. Son conseiller mémoire, Bruno Roger-Petit, jubile. Ce « rendez-vous avec la nation » est un peu son sacre. Emmanuel Macron, qui a évoqué devant les journalistes son passage à « la laïque », vient d’annoncer la généralisation de l’uniforme, le retour d’une instruction civique à l’école, et le rétablissement d’un ersatz de service militaire avec le service national universel.

Autant de breloques vieillottes d’une France vintage, aux couleurs d’un « Polaroid Kodak des années 1960 » dont les Français seraient « nostalgiques », se persuade celui que tout le monde, au palais, appelle « BRP ». Voilà des mois que l’ancien journaliste politique et sportif de 61 ans plaide pour que soit entendue la demande de « conservation » et de « régénération » qui émanerait du peuple français, étreint par un profond sentiment de « dépossession ». La France, théorise-t-il, veut « reprendre le contrôle » de son destin.

« Il a gagné en épaisseur »

La nuit s’étire quand la première dame, Brigitte Macron, se faufile dans le salon des portraits. Elle salue Rachida Dati, nouvelle ministre de la culture, et le garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, qu’elle défend à chaque remaniement. Elle aussi rayonne, ravie de la nouvelle équipe entourant son mari.

C’est le triomphe de « l’aile Madame », l’aile est du palais, dévolue aux premières dames, où Brigitte Macron a pris ses quartiers en 2017 avec deux conseillers, Pierre-Olivier Costa (dit « Poc »), parti en 2022, et Tristan Bromet, ainsi qu’un passager embarqué, Bruno Roger-Petit. L’ex-éditorialiste de l’hebdomadaire Challenges, qui présentait les journaux de la nuit d’Antenne 2 il y a trente ans, s’est installé dans l’ancienne sacristie, contiguë à la chapelle aménagée sous Napoléon III qu’Yvonne de Gaulle fréquentait assidûment.

Une position stratégique : un escalier à grimper, et le voilà dans le salon d’angle, l’un des deux bureaux du président ; un couloir à traverser, et il est dans le salon des Fougères, où travaille la première dame. Dans son antre, une photo le montre coincé entre « Emmanuel » et « Brigitte », assis entre les creux et les bosses d’un canapé Paulin ; ils rient tous les trois.

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