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Le Royaume-Uni interdit l’acquisition de journaux par des Etats étrangers

Le vice-président des Emirats arabes unis (EAU) ne pourra pas prendre le contrôle du Daily Telegraph, le grand quotidien britannique de droite. Le gouvernement britannique a annoncé, mercredi 13 mars, qu’il allait déposer un amendement législatif pour interdire toute acquisition d’un journal ou d’un magazine par un « Etat étranger », y compris les « agents de gouvernements étrangers qui opèrent à titre privé ». Cette définition particulièrement précise vise le cheikh Mansour Ben Zayed, de la famille régnante d’Abou Dabi, et vice-président des EAU, qui a lancé une offre sur le quotidien en novembre 2023.

« L’acquisition d’une entreprise de presse britannique par des Etats étrangers risque d’éroder la confiance [des lecteurs], explique Stephen Parkinson, sous-secrétaire d’Etat à la culture et aux médias du Royaume-Uni. Tous les Etats étrangers ont leurs propres intérêts, ce qui est tout à fait compréhensible, et ceux-ci ne sont pas nécessairement compatibles avec les intérêts britanniques. »

La décision met un terme à des mois de controverse autour de la vente du Daily Telegraph, qui est au paysage médiatique britannique ce que Le Figaro est à la France. La famille Barclay, qui le possédait depuis 2004, frôle la faillite et a fait défaut sur une partie de ses dettes. A l’été 2023, sa banque créditrice, Lloyds Banking Group, a décidé de saisir le journal, ainsi que l’hebdomadaire The Spectator, lui aussi très influent dans les milieux conservateurs, et les a mis en vente.

En décembre 2023, la banque a accepté une offre faite conjointement par IMI, un fonds privé mais possédé par le cheikh Mansour (par ailleurs propriétaire de l’équipe de football Manchester City), et RedBird, un fonds de capital-investissement américain dirigé par l’ancien patron de CNN, Jeff Zucker. IMI possède 75 % de la joint-venture.

Risques contre l’indépendance éditoriale

Cette acquisition a provoqué une levée de boucliers. Près de 150 députés, essentiellement conservateurs, ont publiquement fait connaître leur opposition. Les directions actuelles du quotidien et du magazine ont aussi mené la lutte, dénonçant les risques contre leur indépendance éditoriale. « Si les gouvernements se mettent à posséder un journal, que ce soit le gouvernement britannique, ou un gouvernement européen ou arabe, la liberté de la presse serait mortellement compromise », estime Fraser Nelson, le rédacteur en chef du Spectator.

Le premier ministre britannique, Rishi Sunak, estimait dans un premier temps que les pouvoirs actuels de l’Etat britannique étaient suffisants pour bloquer l’acquisition. Il a saisi l’Office of communications, le régulateur des médias, et la Competition and Markets Authority, l’autorité de la concurrence, qui devaient trancher sur le sujet. Mais pour de nombreux élus britanniques, la protection était insuffisante.

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