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VIH : près d’un tiers des patients toujours diagnostiqués à un stade avancé en France

C’est un constat « dramatiquement constant » que dressent les experts du VIH en France. Chez près d’un tiers des patients, en effet, le diagnostic est bien trop tardif et la mise sous traitement débute à un stade déjà avancé de l’infection. Une situation qui, depuis le début des années 2000, ne s’améliore pas. Et ce, « malgré les politiques de dépistage et d’accès aux soins déployées », souligne Sophie Grabar, médecin de santé publique à l’Inserm et à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP, Sorbonne université, Paris).

En témoignent les résultats présentés, jeudi 14 mars, lors d’une conférence de presse de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales – maladies infectieuses émergentes (ANRS MIE). Peu auparavant, ces données avaient été dévoilées lors de la conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes, qui se tenait du 3 au 6 mars, à Denver (Etats-Unis).

Entre 2002 et 2016, 64 400 personnes vivant avec le VIH ont été incorporées dans les hôpitaux français (sauf en Nouvelle-Aquitaine, où les patients sont suivis à part), au sein d’une cohorte mise en place par l’ANRS MIE. « Cette cohorte regroupe environ 68 % de l’ensemble des patients pris en charge sur le territoire français », précise Sophie Grabar, qui en coordonne le suivi. Son atout : elle permet de mesurer l’impact des prises en charge sur la mortalité.

Impact important sur la mortalité

Les résultats sont édifiants. Parmi les patients de cette cohorte, 51 % seulement arrivaient à l’hôpital à un stade précoce de l’infection : leur taux de cellules CD4 (les soldats de l’immunité qui sont les principales cibles du VIH) était supérieur ou égal à 350 cellules par millimètre cube de sang ; 20 % arrivaient à un stade intermédiaire de l’infection, avec un taux de CD4 compris entre 200 et 350.

Plus grave encore, 28,4 % des patients se présentaient à l’hôpital avec une maladie à un stade avancé. Parmi eux, 19,5 % avaient un taux de CD4 inférieur à 200 cellules par millimètre cube ; et 8,9 % avaient même un sida déclaré, caractérisé par la présence d’au moins une maladie « opportuniste » liée au virus (tuberculose, sarcome de Kaposi, lymphomes malins non hodgkiniens…).

Autre constat navrant : la proportion de personnes prises en charge très tardivement ne s’est pas améliorée, ou très peu, entre la période 2002-2013 et la période 2014-2016, passant de 28,8 % à 26,5 %. Une étude récente, englobant la région Nouvelle-Aquitaine, conforte cette observation. « En 2021, 30 % des patients vivant avec le VIH restaient pris en charge à un stade avancé », se désole Sophie Grabar.

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