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Le chanteur, saxophoniste et claviériste Oan Kim donne naissance à un jazz avec du grain

Oan Kim, en 2023, à Paris.

A l’approche de la cinquantaine, Oan Kim affiche un parcours aussi insolite que sa musique, commercialisée sur le tard avec un premier album publié en 2022. Depuis le début des années 2000, le Franco-Coréen s’est, en effet, fait connaître pour un travail de photographe déjà hybride – à mi-chemin du pictorialisme et du documentaire – et comme cofondateur de l’agence MYOP. Il a aussi collaboré, en 2009, avec l’écrivain Laurent Gaudé (Prix Goncourt 2004) pour le livre Je suis le chien Pitié (Actes Sud). Mais c’est en leader d’un quintette de « dirty jazz » qu’il s’est présenté, mercredi 13 mars, à La Dynamo, la salle de Pantin (Seine-Saint-Denis) ouverte par le festival Banlieues bleues, qui se tient dans différentes villes du département jusqu’au 5 avril.

Le musicien (chant, saxophone ténor et alto) est venu présenter son deuxième album, Rebirth of Innocence (Artwork Records/PIAS), paru cinq jours plus tôt toujours sous cette appellation de « jazz sale » qui mérite explication : « Je l’ai pensée un peu comme un positionnement. Auparavant, j’avais fait pas mal d’électro-rock dans une veine Suicide [duo new-yorkais fondateur de cette esthétique bruitiste en 1977] sous le nom de Chinese Army, avec le guitariste Benoît Perraudeau [qui est toujours son complice]. Ce mot, “dirty” , et le son qui va avec, a une valeur dans le rock, mais pas dans le jazz dont je me suis détourné pendant une dizaine d’années. Cela devenait une musique de spécialistes où le raffinement et la virtuosité prenaient la place de l’émotion. L’héritage de Coltrane, sans la spiritualité. »

Pour la spiritualité, Oan Kim aura été servi avec son père, Kim Tschang-yeul (1929-2021), connu comme « le peintre de la goutte d’eau », un motif que l’artiste coréen installé à Paris devait inlassablement reprendre. Egalement vidéaste, Oan Kim lui a consacré un documentaire, The Man Who Paints Water Drops (L’Homme qui peint des gouttes d’eau, 2021), et reconnaît que son passage sur terre hante sa musique. « A la fois par l’atmosphère mélancolique et anxieuse et le côté spirituel, car il était empreint de taoïsme et de zen, des éléments dont je me suis servi pour le deuil. Les chansons de ce deuxième album parlent souvent d’échecs [The Ballad of Total Failure], qui sont pour moi quelque chose de positif. Avec l’âge, on perd en enchantement ce qu’on retrouve en fraîcheur à voir enfin le monde tel qu’il est. C’est le sens du titre Rebirth of Innocence. Dans le bouddhisme, le vide n’est pas celui qu’on connaît en Occident, il ne s’oppose pas au plein. De même, le non-agir des taoïstes permet de laisser les choses venir à soi. »

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