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Julien Bayou est « suspendu à titre conservatoire » du groupe écologiste à l’Assemblée après la plainte de son ex-compagne

Le député Julien Bayou (EELV) à un rassemblement pour l’Ukraine, à Paris, le 24 février 2024.

En 2022, il avait cru réchapper à la vague #metoo. Dix huit mois plus tard, le voilà de nouveau pris dans la tourmente. Le député écologiste Julien Bayou est « suspendu à titre conservatoire » de son groupe à l’Assemblée nationale, annonce au Monde sa présidente, Cyrielle Chatelain. La décision a été prise, mardi 12 mars, lors d’une réunion à huis clos tenue par les députés.

Elle fait suite à l’entretien accordé par Anaïs Leleux, l’ex-compagne du député, sur le site d’informations Les Jours, le 5 mars. Pour la première fois, la militante féministe a parlé à visage découvert. Elle a annoncé porter plainte contre l’élu de Paris pour « harcèlement moral » et « abus frauduleux de l’état de faiblesse », et déclare avoir déposé une deuxième plainte contre X pour « abstention d’assistance à personne en danger », visant son ancien parti. « Politiquement, il nous semblait important de poser un acte », justifie Cyrielle Chatelain.

Ces prochains jours, une assemblée générale du groupe sera convoquée, afin d’établir les modalités et la durée de cette sanction. Pour en arriver là, les députés se sont appuyés sur un article du « règlement intérieur », qui « rappelle les devoirs d’exemplarité » de ses membres. Trois décisions étaient possibles : la mise en retrait, la suspension ou l’exclusion. Julien Bayou continuera de siéger à l’Assemblée nationale, mais ne pourra plus s’exprimer au nom du groupe, ne devra plus intervenir à ce titre dans l’hémicycle ni dans les médias. Il ne pourra pas non plus signer de proposition de loi ou d’amendement.

Lettre anonyme

En réunion de groupe, mardi, la décision a été « consensuelle », relève la députée écoféministe Sandrine Rousseau. « Les violences psychologiques ne sont pas des sous-violences », explique l’élue de Paris, qui considère que ces faits n’avaient pas été « pris en considération à leur juste dimension » en septembre 2022, quand l’affaire avait éclaté. Julien Bayou s’était alors retiré de la coprésidence du groupe à l’Assemblée nationale, le temps que le parti instruise le dossier. A l’époque, la victime présumée n’avait pas saisi la justice, et, progressivement, en l’absence de témoignage, l’élu de Paris était revenu dans le jeu médiatique et politique.

« La fois précédente, il n’y avait pas eu de plainte. Quand des femmes s’expriment, on les croit », justifie aujourd’hui la députée de Haute-Garonne Christine Arrighi. « On considère qu’une parole doit avoir un espace. Trop longtemps, on n’a pas écouté la parole des femmes », corrobore Cyrielle Chatelain. Signe du trouble qui régnait au Palais-Bourbon ces derniers jours, une vingtaine de collaboratrices et collaborateurs écolos avaient adressé une lettre anonyme à leur formation politique lui demandant « l’exclusion de Julien Bayou ».

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