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« Homo erectus », un premier « Ukrainien » il y a 1,4 million d’années

La zone de Gostry Verkh, où se trouve le site archéologique de Korolevo (Ukraine), en août 2023.

Homo erectus était un sacré voyageur ! Apparu en Afrique de l’Est il y a environ 2 millions d’années, on en a retrouvé des fossiles jusqu’en Asie, sur l’île indonésienne de Java, il y a 1,4 million d’années, mais aussi en Chine, dans le Caucase et en Europe de l’Ouest, avant que ses derniers représentants ne disparaissent il y a environ 100 000 ans.

Voilà que l’on découvre qu’il se trouvait en Ukraine il y a environ 1,4 million d’années. Un article publié le 7 mars dans Nature propose de nouvelles datations de pierres taillées trouvées dans les années 1970 dans une carrière à Korolevo. Ces outils sont attribués à l’Homo erectus, même si aucun fossile de cet hominine n’a été retrouvé sur place.

Roman Garba (Académie des sciences tchèque, Prague) et ses collègues ont utilisé une méthode fondée sur la décroissance des nucléides cosmogéniques pour déterminer l’âge des sédiments dans lesquels les pierres taillées étaient enfouies. Cette date de 1,4 million d’années « permet d’établir un pont temporel et spatial concernant la dispersion humaine, entre le Caucase (autour de 1,8 million d’années à Dmanissi, en Géorgie) et le sud-ouest de l’Europe (autour de 1,2 million d’années à Atapuerca, en Espagne, et au Vallonnet, en France) », écrivent les chercheurs.

Véronique Michel (CNRS Cepam, Nice), spécialiste en datations du paléolithique, salue la documentation d’une présence humaine aussi septentrionale à cette période reculée. Mais elle note que les auteurs de l’étude ne citent qu’en passant des sites potentiellement aussi anciens en Espagne et en Italie. « A Orce, dans le sud de l’Espagne, deux sites ont fait l’objet de datations solides : Fuente Nueva-3, à environ 1,19 million et 1,5 million d’années selon les méthodes utilisées, et Barranco Leon, à environ 1,4 million d’années », rappelle-t-elle. Elle cite aussi Pirro Nord, dans le nord de l’Italie, daté entre 1,3 million et 1,6 million d’années, par biochronologie – en se fondant sur les espèces animales trouvées sur le site. « Pour retracer l’histoire des colonisations, il faut citer tous les sites », indique-t-elle.

« Reconstituer le puzzle de colonisation »

Régis Braucher (CNRS Cerege, Aix-en-Provence), spécialiste des cosmonucléides, n’est pas totalement convaincu par les modèles employés par ses collègues pour affiner la datation. « Avec une méthode plus classique et les mêmes données, j’obtiens une date de 1,3 million d’années, plus ou moins 200 000 ans », indique-t-il. Ce qui fait du site ukrainien un possible contemporain de sites ouest-européens, et affaiblit l’hypothèse présentée dans Nature. Il compte échanger à ce propos avec ses collègues lors d’un atelier sur les cosmonucléides organisé en mai à Cologne, en Allemagne.

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