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Le plus beau manuscrit du Moyen Age dévoile ses secrets sous l’œil de la science

Le mois de janvier dans le manuscrit du XVe siècle, « Les Très Riches Heures du duc de Berry ».

Son nom, Les Très Riches Heures du duc de Berry, ne vous évoquera pas forcément grand-chose. Pourtant, ce manuscrit français du XVe siècle magnifiquement enluminé a façonné notre imagerie du Moyen Age, ne serait-ce que parce que Disney s’est inspiré de son iconographie pour les châteaux qui trônent dans ses films ou ses parcs d’attractions. Composé en pleine guerre de Cent Ans par trois frères, Herman, Jean et Paul de Limbourg, sur commande de Jean, duc de Berry, ce livre destiné à suivre la liturgie catholique compte, sur ses deux cent six feuillets au format très proche de notre A4, soixante-six illustrations pleine page et de nombreuses autres enluminures plus petites, entourées par des textes religieux. Célèbre pour ses scènes aristocratiques mais aussi paysannes, le manuscrit fait depuis un an l’objet d’une étude poussée réalisée par le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), à la fois pour établir son bilan de santé et pour percer les secrets de sa fabrication.

Directeur du Musée Condé, au château de Chantilly (Oise), où est conservé Les Très Riches Heures depuis le XIXe siècle, Mathieu Deldicque n’hésite pas à dire que « c’était un manuscrit à l’avant-garde de l’art occidental au début du XVe siècle ». Sa collègue Marie-Pierre Dion, conservatrice générale chargée des livres et des archives du Musée Condé, souligne que l’ouvrage était novateur pour son époque, par exemple avec « ses mises en page ou ses clairs-obscurs qui ont beaucoup impressionné ses contemporains. Il a toujours inspiré un certain respect mais sa qualité fait qu’il a été beaucoup manipulé ».

Résultat : même si la peinture est en bon état, « certains signes de fatigue nous ont inquiétés, poursuit Marie-Pierre Dion. Nous avons donc jugé qu’il fallait les documenter pour ne pas que les choses s’aggravent ». Dans la liste des problèmes, on trouve l’usure et le craquèlement de certaines zones cousues ainsi que des salissures diverses souillant les pages du parchemin (traces de doigt, taches, micropostillons). Mais le passage des Très Riches Heures au C2RMF est surtout l’occasion de placer l’ouvrage sous l’œil de la science, en la personne d’Elisabeth Ravaud, dont les outils d’imagerie scientifique mettent à nu les peintures et les dépouillent de leurs mystères.

« Des techniques non invasives »

La genèse du manuscrit est, en effet, loin d’être claire à cause d’une épidémie qui, en 1416, tua non seulement le duc de Berry mais aussi les Limbourg. Leur œuvre fut poursuivie tout au long du XVe siècle, par trois artistes différents : un anonyme enlumineur connu sous le surnom de « Maître de Bedford », Barthélemy d’Eyck et, enfin, Jean Colombe. Comment chacun des six artistes travaillait-il ? Quels pigments utilisait-il ? Les successeurs des Limbourg s’appuyaient-ils sur les dessins préparatoires des trois frères ?

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