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En direct, débat sur le soutien de la France à l’Ukraine : « Voter contre », c’est la France qui « tourne le dos » à son histoire, « s’abstenir, c’est fuir », affirme Gabriel Attal

« Soit on est pro-Macron, soit on est accusé d’être pro-Poutine », réplique Marine Le Pen à Gabriel Attal

« Aux centaines de milliers de morts et de blessés causés par cette épouvantable guerre, aux millions de déplacés et aux populations civiles qui la subissent encore, chaque jour, à la nation ukrainienne agressée, nous devons notre respect et notre soutien », a déclaré Marine Le Pen, en début de sa prise de parole devant l’Hémicycle, s’exprimant au nom des députés du Rassemblement national (RN).

Saluant la « place dans le juste soutien à cet héroïsme » que la France apporte à l’Ukraine, en lui fournissant une aide militaire et en accueillant des réfugiés ukrainiens, elle a toutefois estimé que le « troisième volet de ce soutien, les sanctions [économiques à l’égard de la Russie], a, lui, montré ses limites ». Une position de long terme du parti d’extrême droite, qui s’oppose notamment aux sanctions énergétiques contre Moscou.

« Mais, au-delà de nos devoirs vis-à-vis du peuple ukrainien martyrisé, nous avons des devoirs envers le peuple français », a poursuivi l’ex-candidate à la présidentielle et cheffe de file des députés du RN, s’adressant à Gabriel Attal, pour s’attaquer aux propos tenus par Emmanuel Macron récemment, qui a dit ne pas « exclure » l’envoi de troupes au sol en Ukraine.

« C’est bien de la vie de nos jeunes soldats dont il sera question, si, par malheur, les annonces guerrières d’Emmanuel Macron se révèlent être mises en œuvre », a-t-elle lancé. Quand bien même l’exécutif a déclaré qu’il ne s’agissait pas d’envisager l’envoi de troupes françaises sur le sol ukrainien pour combattre, mais pour former directement les soldats ukrainiens sur leur sol, et alors que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a lui aussi écarté cette idée, en déclarant dans une interview au Monde, lundi, que les « enfants [français] ne vont pas mourir en Ukraine. »

Marine Le Pen, cheffe de file des députés Rassemblement national, s’exprime lors du débat sur la stratégie d’aide à l’Ukraine de la France à l’Assemblée nationale, le 12 mars 2024.

« J’en profite à ce titre pour rappeler à toutes fins utiles à ceux de nos responsables qui confondent verbiage et fermeté que la meilleure ambiguïté stratégique, c’est le silence qui plonge l’adversaire dans l’incertitude », a-t-elle poursuivi dans son attaque contre la stratégie de l’exécutif, avant de poursuivre : « Cette sage ligne de conduite semble malheureusement avoir été oubliée en suscitant les dénégations de nombreuses capitales quant à l’envoi de troupes au sol. Emmanuel Macron a finalement et malheureusement rassuré Vladimir Poutine en reprenant la théorie du [soutien] sans limite [à l’Ukraine].  »

« Votre déclaration, monsieur le premier ministre, ne m’a pas rassuré, pas plus qu’elle n’a, je crois, rassuré les millions de Français inquiets », a ajouté Mme Le Pen, qui a pourtant par le passé régulièrement affiché sa proximité et son admiration pour Vladimir Poutine.

Elle a justifié la position de son groupe, qui s’abstiendra lors du vote sur l’accord bilatéral conclu entre Paris et Kiev, en estimant qu’il n’est ni « nécessaire » ni « proportionné ». « En soutenant l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne et à l’OTAN, vous déstabiliseriez gravement non seulement l’intégralité des politiques communautaires, agricoles en premier lieu, mais aussi la sécurité de l’Europe », a-t-elle argumenté.

Marine Le Pen a aussi répondu au premier ministre, qui a renvoyé les oppositions à leur responsabilité lors du vote en argumentant contre l’abstention et le vote contre, qui seraient selon lui un soutien implicite à la Russie. Elle a estimé que, selon l’exécutif, « soit on est pro-Macron, soit on est accusé d’être pro-Poutine ». « Vous avez (…) détourné, exploité et instrumentalisé une crise internationale majeure pour la mettre au service d’un agenda électoraliste de court terme », a-t-elle poursuivi, en référence aux élections européennes du 9 juin.

« Pour la sécurité des Français, nous ne pouvons adhérer aux conditions que vous posez dans cet accord. Mais, pour manifester notre soutien à l’Ukraine (…), nous nous contenterons d’une abstention », a-t-elle conclu.

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