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En Argentine, Javier Milei coupe les vannes de l’aide alimentaire aux organisations sociales

Il est 10 heures en ce début de semaine. Le calme règne dans le quartier de Santa Cecilia, à Gonzalez Catan, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Buenos Aires. Ses rues en terre où chaque pas soulève un nuage de poussière confèrent des airs de village à ce quartier précaire, érigé aux abords d’une ancienne carrière dont une partie a été convertie en décharge à ciel ouvert.

Devant le local du Mouvement des travailleurs exclus, à Gonzalez Catan, dans la province de Buenos Aires, le 19 février.

C’est là que le Mouvement des travailleurs exclus (MTE), mouvement social argentin né en 2002 en pleine crise du pays, a ouvert il y a deux ans un nouveau centre communautaire, La Tosquera (« la carrière » en espagnol). Sur la façade d’un édifice de deux étages fait de parpaings et de tôle ondulée, on y lit la consigne adoptée par le mouvement en lettres capitales : « Tierra, Techo, Trabajo [“terre, toit, travail”]. »

Adriana Rolon, 42 ans, coordinatrice de l’espace, fait fièrement la visite des lieux. Une petite cuisine, où s’affairent Estefani, Claudia et Noelia, donne sur une salle commune ouvrant sur un petit terrain de foot. A une semaine de la rentrée des classes, une trentaine d’enfants et d’adolescents s’activent au premier étage. Les plus jeunes se divertissent entre jeux de société et dessins, tandis que les plus grands participent à un atelier d’arts plastiques.

« Ici, on essaie d’apporter du soutien à tous les niveaux : scolaire, alimentaire, psychologique… Il y a aussi un programme pour le traitement des addictions », explique Adriana. Arrivée peu avant l’élection du président argentin, Javier Milei, « au pire moment », elle n’oublie pas ses débuts à La Tosquera. « On ouvre à 8 h 30. Le premier jour, j’ai été surprise de voir une file de gamins attendre devant la porte avant mon arrivée. J’ai dit à mes collègues : “Ils sont super motivés !” », se souvient-elle. « L’une d’entre elles m’a répondu : “Ce n’est pas l’envie, c’est la faim.” »

Il y a encore quelques mois, le centre accueillait près de 60 enfants en dehors des heures de classe. En dépit de la crise et de l’inflation, le MTE de Santa Cecilia parvenait à distribuer chaque jour une centaine de repas aux familles du quartier, en grande partie grâce aux aliments envoyés par l’Etat. « Aujourd’hui, on arrive tout juste à couvrir les 40 places assignées au centre. On nourrit les enfants d’abord, petit déjeuner et déjeuner, et quand il y a assez de nourriture, les adultes qui travaillent ici mangent également », regrette-t-elle.

Blocage de routes et de rues

Depuis l’arrivée au pouvoir de Javier Milei, le 10 décembre 2023, la situation se dégrade de jour en jour. L’inflation s’est accélérée à un rythme assommant pour la population à la suite de la brutale dévaluation du peso argentin de 51 % décidée par le gouvernement à peine deux jours après l’investiture du libertarien : une hausse de 25,5 % au mois de décembre 2023 et encore 20,5 % au mois de janvier, pour atteindre 256 % sur un an. Le pourcentage de la population en situation de pauvreté est passé de 49,5 % en décembre 2023 à 57,4 % en janvier, d’après l’indice établi par l’Université catholique argentine, et devrait s’accentuer en février et en mars.

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