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Elections européennes : le camp présidentiel veut installer un face-à-face avec le RN

Emmanuel Macron et Valérie Hayer, la tête de liste Renaissance pour les élections européennes de juin 2024, à Château-Gontier-sur-Mayenne (Mayenne), le 10 octobre 2022.

La voilà jetée dans le grand bain, sans gilet de sauvetage. Samedi 9 mars, depuis le Grand Palais de Lille, Valérie Hayer, 37 ans, tête de liste du camp présidentiel pour les élections européennes, doit faire son entrée en scène. La fille et petite-fille d’agriculteurs de la Mayenne, qui reconnaît avoir davantage « l’habitude de coller des affiches que de voir son visage dessus », a répété maintes fois sa prestation avant la grand-messe lilloise, coup d’envoi d’une campagne qui s’étirera jusqu’au 9 juin. Devant quelque 4 000 à 5 000 militants, élus, ministres et sympathisants censés afficher l’union de Renaissance, du MoDem et d’Horizons, l’eurodéputée, inconnue du grand public, doit faire la démonstration que tout n’est pas perdu pour ce scrutin ancré dans l’ADN de la Macronie.

Plus de dix points séparent dans les sondages le camp présidentiel de la liste du Rassemblement national (RN), emmenée par Jordan Bardella. Mais nulle trace de défaitisme chez la trentenaire, qui a refusé un poste ministériel à l’été 2023 pour, dit-on à Matignon, se consacrer au combat européen. Partir perdante ? « C’est mal me connaître. C’est mal connaître le président de la République », lance-t-elle sur TF1, le 29 février. La coalition présidentielle imagine rejouer le scénario de 2019, quand la ministre chargée des affaires européennes, Nathalie Loiseau, avait rattrapé une grande partie de son retard lors d’une campagne éclair, à laquelle Emmanuel Macron avait grandement participé.

Cette fois encore, le président de la République promet de jouer un rôle de premier plan. « Il faut vous battre, pied à pied », a-t-il enjoint à ses ministres, mercredi 6 mars, cherchant à galvaniser les siens, selon les propos rapportés par Le Parisien et confirmés à l’Elysée. « Les choses, dans cette élection, sont simples : ceux qui croient dans l’Europe et ceux qui n’y croient pas. Nous y croyons pour continuer de la changer », a-t-il poursuivi, faisant référence au poème d’Aragon, La Rose et le Réséda. « Celui qui croyait au ciel, Celui qui n’y croyait pas, Tous deux adoraient la belle », écrivait le poète communiste, appelant par cette métaphore à l’union de la Résistance, durant la seconde guerre mondiale, au-delà des clivages politiques. Une façon, pour le locataire de l’Elysée, d’installer un face-à-face entre le camp pro-européen, qu’il veut fédérer derrière lui, et celui, eurosceptique, de l’extrême droite.

« Le Pen, c’est l’Europe de Moscou »

Valérie Hayer doit épouser cette ligne, samedi, faisant de Jordan Bardella et du RN ses seuls véritables ennemis. L’élue européenne doit parler de la guerre en Ukraine, envahie depuis deux ans par les troupes russes, principal angle d’attaque contre le parti lepéniste, accusé de complaisance avec le régime du Kremlin. Plus le RN récoltera de sièges au Parlement européen, plus les valeurs européennes seront menacées, assène-t-on à l’Elysée. « C’est une élection identitaire pour que l’Europe reste l’Europe. Nous, nous voulons la réformer, eux [le RN] veulent la déformer », appuie Loïc Signor, porte-parole de Renaissance. « C’est l’Europe de Jacques Delors contre celle de Viktor Orban [le premier ministre hongrois] », insiste l’ancien journaliste, rebaptisant le RN en « Russie nationale ». « Le Pen, c’est l’Europe de Moscou », embraye le député (Renaissance) du Bas-Rhin Charles Sitzenstuhl.

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