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« A mesure que s’efface le traumatisme des catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima, le nucléaire est devenu plus présentable en Europe »

Le nucléaire regagne du terrain dans le monde, chez les dirigeants politiques comme dans l’opinion. Il est même en passe de gagner la bataille dans l’Union européenne – au moins de ne pas être marginalisé – malgré les tirs de barrage nourris de son adversaire le plus acharné, l’Allemagne. Et c’est la Belgique qui accueillera à Bruxelles, jeudi 21 mars, des chefs d’Etat et de gouvernement pour un Sommet global sur l’énergie nucléaire, première traduction politique de la COP28 de Dubaï. En décembre 2023, la déclaration finale appelait les pays qui le peuvent à « accélérer » cette production d’électricité bas carbone pour atteindre l’objectif des accords de Paris sur le climat.

De grandes initiatives politiques avaient marqué les débuts de l’atome civil, dans les années 1950. Le traité Euratom (1957), adopté en même temps que le traité de Rome et toujours en vigueur, était sous-tendu par la promesse d’un monde plus prospère grâce à une énergie abondante. Il suivait de quatre ans le programme « Atoms for Peace » lancé fin 1953 par le président américain, Dwight D. Eisenhower, pour fournir des technologies nucléaires aux pays renonçant à la bombe – et vendre les premiers réacteurs made in USA.

Il ne faut plus attendre de telles initiatives à vocation consensuelle. Surtout pas en Europe, devenue le terrain d’affrontement entre « pro » et « anti » depuis l’abandon du nucléaire par l’Allemagne en 2011. Le sommet de Bruxelles permettra juste à ses défenseurs de souligner qu’il est, selon eux, indispensable à la lutte contre le réchauffement climatique et au renforcement de la sécurité énergétique, avec la sobriété, les renouvelables, l’hydrogène vert, les batteries et la capture-stockage du CO2.

Duel acharné entre Paris et Berlin

A mesure que s’efface le traumatisme des catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima, et depuis la coupure des gazoducs russes, le nucléaire est devenu plus présentable. En quelques années, il a fini par être inscrit dans la taxonomie verte européenne censée lui faciliter garanties, prêts et liquidités de financeurs publics et de banques privées. Il a également été reconnu comme un moyen d’assurer la compétitivité et la souveraineté du Vieux Continent face à la Chine et aux Etats-Unis. Puis, au terme d’un autre duel acharné entre Paris et Berlin, comme une source d’énergie nécessaire à la production d’hydrogène vert.

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D’abord isolée, la France a créé, mi-2023, une « alliance » politique avec douze autres pays nucléarisés. « Il faut maintenant passer aux travaux pratiques » et mobiliser tous les outils financiers, soutient le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, qui s’est adjugé le portefeuille de l’énergie dans le gouvernement Attal. L’« alliance » vient de proposer que le nucléaire puisse faire l’objet d’un « projet important d’intérêt commun européen », au même titre que l’hydrogène, les batteries ou les médicaments, ce qui permettrait aux Etats de déroger aux règles rigoureuses de Bruxelles sur les aides d’Etat.

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