Close

Sur la piste des brouilleurs d’ondes, avec les « chasseurs » de l’ANFR

Dans les rues de Nancy, le 23 janvier 2024, les agents auscultent, grâce au radar installé sur le van, l’environnement radioélectrique.

Dans le vent glacial d’un petit matin de janvier, trois hommes partent à la chasse au renard dans les rues de Nancy. L’intrus a été signalé, il y a trois jours, sur le campus universitaire Artem, tout près du centre-ville et de la célèbre place Stanislas. Avec le radar installé sur le toit de leur van noir, relié à un écran de contrôle dans l’habitacle, et à leurs antennes portatives, nos trois « ghostbusters » laissent peu de chances au nuisible. D’ailleurs, il ne leur faut que quelques minutes pour le débusquer.

En réalité, ce renard n’est pas un canidé : c’est un boîtier électronique d’accès à un immeuble du campus. Les chasseurs ne sont pas armés : ce sont des contrôleurs de l’Agence nationale des fréquences (ANFR), un établissement public créé en 1997 pour ordonner et surveiller les fréquences hertziennes de la France. En revanche, leur traque, dont le nom vient d’une pratique sportive appréciée des radioamateurs – un émetteur est caché dans une forêt ou dans une ville et les concurrents doivent le trouver le plus vite possible –, est bien réelle.

La chasse au renard fait partie des missions de service public de l’agence, dès qu’un phénomène radioélectrique vient perturber la bonne circulation des ondes. Celles-ci, réparties sur différentes fréquences, sont essentielles aux opérateurs télécoms, aux diffuseurs de la télévision numérique terrestre, à l’armée, à l’aviation civile, à Météo-France, aux GPS, aux radioamateurs, mais aussi, et de façon moins connue, aux particuliers : un portail électrique télécommandé peut être source ou victime de brouillage ; les portiques antivols à la sortie des magasins fonctionnent aussi avec des ondes.

Dans le cas de notre chasse nancéenne, c’est un opérateur télécoms qui a signalé le renard. Mal paramétré, le petit boîtier électronique vissé sur la façade de l’immeuble universitaire gênait le fonctionnement d’une antenne mobile 4G-5G située à proximité, provoquant des désagréments pour les abonnés du quartier. Informé, le gérant de l’immeuble a dû rapidement remettre le boîtier en état de bon fonctionnement. Les brouillages de fréquences causés par l’utilisation non conforme d’équipements radioélectriques, électriques ou électroniques sont des délits soumis à une sanction pénale pouvant aller jusqu’à six mois de prison et 30 000 euros d’amende, selon le code des postes et des communications électroniques.

Le mât télescopique permet d’affiner la traque du brouilleur d’ondes.

« Service public gratuit »

Des chasses au renard comme celle-ci, nos trois hommes en font deux à trois par semaine, depuis leur base nancéienne, sur un territoire de quatorze départements, allant des frontières du Nord jusqu’au Jura. « Nous avons été sollicités pour 300 brouillages environ en 2023, dont les deux tiers ont nécessité une intervention sur le terrain », explique Fabrice Lombard, l’un des trois chasseurs, directeur adjoint du service interrégional Est (SIR-Est), l’entité regroupant les agences de Nancy et de Lyon.

Il vous reste 71.46% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top