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Spotify invoque la taxe streaming pour augmenter ses tarifs

A la Bourse de New York, le 6 février 2024.

Spotify ne s’est pas fait que des amis sur les réseaux sociaux. La plate-forme musicale a publié, jeudi 7 mars, une lettre ouverte à ses abonnés français pour les prévenir d’une prochaine « augmentation de prix en raison de coûts supplémentaires sur les services de streaming musicaux, imposés par le gouvernement français dans le cadre de la taxe destinée au Centre national de la musique [CNM] », une hausse aussitôt critiquée par des internautes.

Le numéro un mondial du streaming musical précise que les Français paieront bientôt le forfait le plus élevé au sein de l’Union européenne, sans en dévoiler ni le montant ni la date. Jusqu’à présent, les Danois payaient la facture la plus lourde (23,74 euros mensuels pour un abonnement famille).

En novembre 2023, le Parlement a unanimement voté une taxe sur les plates-formes de streaming mise en place au 1er janvier, qui s’élève à 1,2 % de leur chiffre d’affaires France (applicable au-delà d’un seuil de 20 millions d’euros, pour protéger les petits acteurs). « Notre inquiétude, en plus de ce qui équivaudrait à un double paiement de notre part, a été que cette taxe n’aille pas directement aux artistes », déplore Spotify.

Contractuellement, le groupe doit reverser 70 % de ses revenus aux majors qui, elles-mêmes, redistribuent les droits aux artistes. Spotify assure avoir généré « près de 225 millions d’euros pour le secteur de la musique enregistrée en France pour la seule année 2022 », soit le quart du chiffre d’affaires du secteur.

Un alibi facile

Le CNM lui a répondu dès vendredi 8 mars : le produit de cette taxe, évaluée à 15 millions d’euros par an, sera « intégralement investi dans les programmes d’aides financières » aux artistes et aux entreprises de la musique. Et non pas, comme l’affirme Spotify, affecté au fonctionnement du CNM.

Son président, Jean-Philippe Thiellay, précise au Monde que « ces 15 millions d’euros s’ajouteront aux 52 millions de budget d’intervention du CNM ». Ils financeront l’Observatoire de l’économie du secteur musical et les aides destinées à soutenir l’émergence, la diversité et le développement international de la musique française. « En aucun cas, le loyer ou les salaires du CNM », ajoute-t-il.

Le groupe suédois paierait la moitié environ des 15 millions attendus, le reste étant prélevé surtout chez Deezer, mais aussi Apple Music et les plates-formes gratuites comme YouTube, Meta ou TikTok. Spotify est accusé d’être mauvais perdant, puisqu’il a déjà augmenté ses prix une première fois en juillet 2023. Ses tarifs étaient alors passés de 9,99 euros à 10,99 euros pour le tarif premium, et de 15,99 euros à 17,99 euros pour l’abonnement famille. Or, cette première hausse suffisait à elle seule à compenser l’incidence de la taxe.

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