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Emmanuel Macron prône un soutien sans « aucune limite » à Kiev, au risque de s’isoler sur la scène politique française

Fabien Roussel, chef du Parti communiste, est reçu avec d’autres chefs de partis politiques, par le président de la République, pour évoquer la situation en Ukraine, à Paris, le 7 mars 2024.

Si cela était encore nécessaire, Emmanuel Macron a fait la démonstration, jeudi 7 mars, de l’absence d’unité nationale sur une éventuelle intervention militaire en Ukraine. Avant le débat suivi d’un vote au Parlement, les 12 et 13 mars, sur l’accord bilatéral de sécurité signé avec Volodymyr Zelensky, le président de la République avait convié les chefs des partis politiques à l’Elysée pour évoquer le conflit russo-ukrainien. « Je pense que ça clarifiera les positions », avait-il expliqué, mardi, en marge d’un déplacement à Prague.

De fait, tous les partis d’opposition sont tombés d’accord, dans le salon des Ambassadeurs, pour dire qu’il faut « apporter un soutien indéfectible à l’Ukraine ». Mais aucun ne partage les propos du locataire de l’Elysée sur l’éventuel envoi de troupes alliées sur le terrain. Sur un bout de trottoir de l’avenue de Marigny, où les médias ont installé micros et caméras, les chefs des partis défilent, après deux heures trente de discussions, pour dénoncer la posture « irresponsable » d’Emmanuel Macron.

Le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, confirme l’existence d’un « consensus autour de la table pour apporter un soutien à l’Ukraine ». Mais « il doit y avoir des limites quand l’un des principaux belligérants est une puissance nucléaire et qu’elle regarde la France face à face », estime-t-il. « Le président de la République est prêt à un soutien sans limite et, semble-t-il, jusqu’au-boutiste à l’Ukraine (…), il n’y a aucune limite et aucune ligne rouge », dénonce la tête de liste RN aux élections européennes du 9 juin.

Si M. Bardella assure soutenir le principe d’un accord bilatéral entre la France et l’Ukraine, le RN a émis une liste de réserves particulièrement longue : l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne est décrite comme « une ligne rouge », tout comme son adhésion à l’OTAN. Le parti rejette aussi la mention de « dissuasion active » contre la Russie et s’interroge sur la source des 3 milliards d’euros d’aide promis par M. Macron à Kiev en 2024, lors de la signature de l’accord de sécurité entre la France et l’Ukraine, le 16 février.

« Ambiguïté stratégique »

Loin d’édulcorer ses positions, Emmanuel Macron « a dit à plusieurs reprises qu’il ne fixait pas de limite, qu’il fallait soutenir l’Ukraine “quoi qu’il en coûte” », déplore également pour La France insoumise Manuel Bompard, premier lieutenant de Jean-Luc Mélenchon. Marine Tondelier, cheffe de file des écologistes, a trouvé, elle aussi, « inquiétant » de voir le chef de l’Etat se montrer « sans limite » face à « la folie de Vladimir Poutine », « qui détient l’arme nucléaire ». « C’était un exercice pour affirmer et confirmer que tout est possible, que l’envoi de troupes est possible, abonde le leader communiste Fabien Roussel. Il envoie la France dans l’escalade guerrière. » Emmanuel Macron « n’a pas bougé d’un centimètre », regrette enfin le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, il est resté « droit dans ses bottes ».

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