L’affaire de corruption présumée visant, au Portugal, Armando Pereira, l’associé historique de Patrick Drahi, le propriétaire d’Altice (SFR, BFM-TV…), s’étend en France. Selon une source judiciaire, qui confirme une information de l’agence Bloomberg, le Parquet national financier (PNF) « a ouvert, en septembre 2023, une enquête préliminaire pour des chefs de corruption de personnes n’exerçant pas de fonction publique, blanchiment et recel de ces délits ».
« Cette ouverture d’enquête fait notamment suite aux révélations survenues à l’été 2023, faisant état de l’interpellation, le 13 juillet 2023, d’Armando Pereira par les autorités portugaises », poursuit cette source.
Altice ne fait pas de commentaire. Le groupe s’est toujours dit victime de l’affaire de corruption, rappelant que, dans ses premières conclusions, le procureur portugais avait estimé qu’il aurait été lésé à hauteur de plus de 100 millions d’euros par ces pratiques. La société de Patrick Drahi avait obtenu, en octobre 2023, d’être placée sous le statut d’assistant, ce qui lui permettait d’avoir accès à certaines pièces du dossier. En revanche, Altice n’a jamais porté plainte contre Armando Pereira, ni au Portugal ni en France. Patrick Drahi avait rencontré son associé en 1991, à Paris. Depuis, il l’avait impliqué dans tous ses investissements.
« Il espère être entendu pour que son honneur soit lavé »
« Armando Pereira ne souhaite qu’une chose : que l’enquête avance rapidement et efficacement, a déclaré son avocat, Jean Tamalet, à Bloomberg. Il espère être entendu pour que son honneur soit lavé. » Me Tamalet a déclaré qu’il souhaitait que les contrats d’Altice avec les fournisseurs en France soient audités pour voir si le groupe a été pénalisé, s’ils ont donné lieu à des pots-de-vin et, le cas échéant, qui en a bénéficié.
Armando Pereira avait été arrêté à l’occasion d’une vaste opération policière qui a conduit à la perquisition du siège d’Altice Portugal, à Lisbonne. Il est soupçonné de onze délits de corruption et fraude fiscale. Ses avocats les contestent. Selon le mécanisme présumé frauduleux, des sociétés portugaises travaillant avec différentes entités du groupe Altice, dont SFR et BFM-TV en France, auraient été favorisées, au bénéfice de leurs actionnaires, tous proches d’Armando Pereira. Les équipements télécoms étaient également achetés à des sociétés intermédiaires, là aussi détenues par des associés du Portugais. Organisé depuis le Portugal, le montage présumé avait des ramifications dans la zone franche de Madère et dans des paradis fiscaux, notamment les Emirats arabes unis.
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