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Le mystère de la diffusion du cacao à travers l’Amérique du Sud, il y a plus de 5 000 ans, enfin levé

Un cacaoyer en Equateur, en juillet 2014.

Le chocolat, nourriture des dieux. La formule a inspiré le nom savant du cacaoyer, Theobroma cacao (du grec theos, « dieu » et broma, « aliment »). Les Mayas, de fait, ont associé ce divin nectar à leur dieu de la fertilité et les Aztèques, après eux, à leur déesse de la fécondité, Xochiquetzal.

Mais comment la culture du cacaoyer, ce petit arbre aux feuilles brillantes et d’un vert vif, produisant de gros fruits verts, jaunes ou rouges, s’est-elle répandue à travers l’Amérique du Sud et centrale depuis son berceau d’origine, la haute Amazonie, où il a été domestiqué, il y a plus de 5 000 ans ? Une étude coordonnée par Claire Lanaud, généticienne au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, à Montpellier, et publiée le 7 mars dans la revue Scientific Reports, montre la rapidité de cette diffusion, en particulier sur la côte Pacifique.

On sait que le cacaoyer est originaire de la haute Amazonie car cette région abrite la plus grande diversité de cette plante. En 2018, de précédents travaux menés notamment avec l’Institut de recherche pour le développement (IRD) à Marseille avaient trouvé, au sud-est de l’actuel Equateur, les plus anciennes traces d’utilisation de fèves de cacao, datant d’il y a 5 300 ans.

Les premières traces sur des céramiques

Dans la nouvelle étude, archéologues, anthropologues, généticiens, biochimistes et bio-informaticiens ont uni leurs forces pour analyser les résidus alimentaires de 352 objets archéologiques en céramique, appartenant à 19 cultures précolombiennes datant d’il y a 5 900 ans à 400 ans. Provenant d’Amérique du Sud ou centrale, ces céramiques sont détenues par des musées comme ceux de Guayaquil et de Quito, en Equateur, ou le Musée national de Colombie, à Bogota. Des résidus d’autres céramiques provenant de fouilles ont été envoyés par des archéologues.

Les chercheurs ont d’abord gratté ces récipients pour récupérer ces résidus dont ils ont analysé le contenu chimique. Résultat : sur les 312 échantillons issus d’Amérique du Sud, 116 contenaient de la théobromine, le principal alcaloïde du cacao et du chocolat. Parmi ces derniers, 73 recelaient des traces d’ADN de cacaoyer. Le reflet d’une large utilisation du cacao, jusqu’ici méconnue, dans les cultures d’Amérique du Sud qui se sont succédé. Surtout, la datation des céramiques où a été trouvé cet ADN montre qu’il y a 5 300 ans déjà, le cacaoyer était utilisé et domestiqué hors de son berceau d’origine, l’Amazonie.

Un pot en céramique contenant du cacao et issu de la culture Calima Ilama (1 600 ans à 100 ans av. J.-C.). Cette culture était localisée à l’ouest de la Colombie.
Réserve du musée de Guayaquil MAAC (Equateur) d’où sont issues certaines des céramiques analysées pour ce travail de recherche.

Ces traces ont en effet été trouvées sur la côte Pacifique de l’actuel Equateur et correspondent à la culture de Valdivia, notamment connue pour ses statuettes féminines, les « Vénus de Valdivia ». La plante semble donc avoir été domestiquée, sur la côte Pacifique de l’Amérique du Sud, à peu près à la même période que dans un de ses foyers d’origine, dans le sud de l’Equateur.

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