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Dans la province chinoise du Guizhou, des montagnes… et des montagnes de dette

Vue aérienne du comté de Congjiang, dans la province chinoise du Guizhou, le 22 janvier 2024.

Le Guizhou, époustouflante province du sud de la Chine, ses villages traditionnels, ses collines verdoyantes… et ses montagnes de dette. Cette région, l’une des plus pauvres du pays, a tout misé sur les infrastructures et les projets ambitieux pour porter son développement. Mais elle se retrouve désormais acculée, devenant, avec l’équivalent de 192,5 milliards d’euros à son passif, fin 2023, la manifestation la plus aiguë du problème que pose l’endettement des gouvernements locaux.

A cette somme s’ajoute une dette hors comptes, que les autorités au niveau des provinces et des villes ont contractée en créant des sociétés d’endettement externes, pour tenir le rythme de la croissance exigé par Pékin, sans dépasser officiellement les ratios prudentiels. Impossible de négliger les bénéfices – arrivée d’industries et du tourisme, connexion au reste de l’économie – que ces projets publics ont apportés au développement de la Chine, en partie de ses régions rurales jusque-là enclavées.

Le Guizhou, seule province sans aucune plaine, revendique plus de quarante des cent ponts les plus élevés au monde. « C’est une sorte de musée mondial des ponts », affirmait le China Daily, dès 2020. Cette débauche de chantiers n’a pu aboutir qu’au prix de l’équilibre financier. En décembre 2022, la deuxième ville la plus peuplée du Guizhou, Zunyi (6 millions d’habitants), avait annoncé in extremis un accord avec les banques, afin d’étaler sur vingt ans le remboursement des prêts dus par le Groupe pour la construction des ponts et routes de Zunyi, une plate-forme créée pour s’endetter hors de sa propre comptabilité, au bord du défaut de paiement.

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Pékin a envoyé, à partir de l’été 2023, des équipes d’experts financiers dans les dix provinces les plus exposées, en vue d’atténuer le risque. L’agence de presse Reuters révélait, en octobre de cette même année, que le pouvoir central avait ordonné aux banques de prolonger les crédits des gouvernements locaux confrontés à la baisse de leurs revenus, alors que le marché immobilier est en crise. Car le financement des infrastructures chinoises s’est largement fait grâce à la cession aux promoteurs de terrains, en pleine phase d’urbanisation.

Pratiques répressives

Les autorités centrales font désormais la chasse aux coupables politiques de la gabegie du Guizhou. Le secrétaire du Parti communiste (PCC) de la province, de 2017 à 2020, Sun Zhigang, a été arrêté pour corruption, en février 2024. Un mois plus tôt, le 7 janvier, la télévision centrale diffusait les aveux contrits de l’ex-vice gouverneur de la région tombé en disgrâce, Li Zaiyong, probablement obtenus sous la contrainte.

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