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Budget : Bercy annonce que les économies passeront à 20 milliards d’euros en 2025

Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, dans son bureau, à Paris, le 5 mars 2024.

Les débats d’ordinaire experts et feutrés de la commission des finances de l’Assemblée nationale ressemblent de plus en plus aux échanges musclés et tumultueux qui se déroulent dans l’Hémicycle. Mercredi 6 mars, deux heures durant, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, et le ministre délégué chargé des comptes publics, Thomas Cazenave, ont fait face à un concert de reproches de la part des commissaires aux finances de l’Assemblée nationale, avant d’affronter ceux du Sénat, pendant près de trois heures.

Les deux ministres de Bercy étaient venus présenter leur programme d’économies de 10 milliards d’euros dans le budget 2024, qui, faute d’avoir fait l’objet d’un projet de loi de finances rectificative, ont pris la forme d’un décret d’annulation de crédits, permettant à l’exécutif d’éviter un examen public difficile dans une Assemblée où il n’a plus la majorité absolue. Annoncées le 18 février, moins de deux mois après l’adoption du budget 2024, ces économies ont été justifiées par des prévisions de croissance plus faibles que prévu : 1 % au lieu de 1,4 %, voté dans le budget à l’automne 2023. Mais le recours au règlement plutôt qu’à la loi pour des économies d’une telle ampleur est rarissime, la pratique étant plutôt de procéder par décret pour des corrections budgétaires de quelques centaines de millions d’euros en cours d’année.

« Insincère », « déni de démocratie », « austérité », « conduite toujours plus autoritaire », « budget construit sur du sable »… Furieuses d’avoir été privées d’un débat en séance, les oppositions n’ont pas retenu leurs griefs face aux deux ministres de Bercy. Les accusant d’avoir tardé à ajuster les chiffres du budget 2024, malgré les alertes de plusieurs organismes internationaux sur le ralentissement. Contestant leurs arbitrages dans les coupes budgétaires. Leur reprochant d’être encore trop optimistes pour l’année 2024. De mettre en danger la croissance avec une politique de rigueur trop stricte, alors que l’économie ralentit. De tailler trop, ou pas assez, dans la dépense publique, et pas aux bons endroits. De ne pas augmenter les impôts, de ne pas réduire les niches fiscales.

« Des budgets qui n’étaient pas sincères »

« Nous avions été beaucoup de députés à vous prévenir que ce chiffre [une croissance de 1,4 % en 2024] ne pourrait pas être atteint », a d’emblée attaqué Eric Coquerel, le président (La France insoumise, LFI) de la commission des finances de l’Assemblée nationale, regrettant de n’avoir été informé des mesures que « par un pli à 0 h 28 », la veille du conseil des ministres du 21 février. Même tonalité à droite : « Vous avez présenté des budgets qui n’étaient pas sincères, et vous le saviez », a renchéri le député Rassemblement national de la Somme Jean-Philippe Tanguy. « Je me demande si vous avez agi comme des apprentis sorciers ou des autruches ? », a ironisé la députée Les Républicains (LR) de l’Orne Véronique Louwagie.

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