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Dans la Corne de l’Afrique, la crise en mer Rouge s’ajoute aux multiples chocs économiques

Une photo fournie par la télévision yéménite Al-Joumhouria montre le naufrage du cargo « Rubymar », au large du Yémen, le 26  février 2024.

Pour les pays de la Corne de l’Afrique, à la pointe est du continent, les attaques de missiles et de drones perpétrées en mer Rouge ne sont pas une vague menace. Djibouti, par exemple, se situe juste en face du Yémen, pays largement contrôlé par les rebelles houthistes. A peine 30 kilomètres séparent les deux Etats dans la partie la plus resserrée du détroit de Bab Al-Mandab (« la porte des lamentations », en arabe), qui marque l’entrée de cet axe maritime menant au canal de Suez. Le 24 février, une explosion a été recensée en mer à seulement 70 milles nautiques (130 km) de la capitale djiboutienne, selon l’agence britannique de sécurité maritime UKMTO.

Ces attaques menées depuis mi-novembre par les houthistes, qui affirment agir en solidarité avec les Palestiniens et visent des navires qu’ils estiment liés à Israël, secouent l’écosystème maritime mondial. Environ 30 % du transport par conteneurs de la planète transite par la mer Rouge puis le canal de Suez, un axe majeur pour relier notamment l’Asie à l’Europe.

En réponse à la menace, les trois grands armateurs mondiaux – MSC, Maersk et CMA CGM – ont dérouté leurs navires vers la route contournant le cap de Bonne-Espérance, à l’extrême sud de l’Afrique. Un détour plus long (dix jours supplémentaires), plus cher et plus polluant. Or un retour à la normale ne semble pas se profiler dans l’immédiat : face au renforcement des opérations militaires américaines et britanniques et à l’arrivée d’une force européenne, les rebelles yéménites ont promis fin février une « intensification ».

Les conséquences de cette crise se font ressentir loin du golfe d’Aden. En Allemagne par exemple, Tesla a annoncé une suspension temporaire de sa production de véhicules électriques en février par manque de composants fabriqués en Asie. Mais pour les pays de la Corne de l’Afrique (Djibouti, Somalie, Erythrée et Ethiopie au sens le plus restreint, mais Kenya et Soudan étant souvent inclus), la fébrilité est d’une tout autre ampleur.

Une voie stratégique

Dans la région, « le commerce extérieur est fortement dépendant du canal de Suez », souligne un rapport publié par l’agence onusienne Unctad en février : 31 % des échanges extérieurs de Djibouti et 34 % de ceux du Soudan empruntent cette voie stratégique. « En comparaison, même si c’est beaucoup plus important en termes absolus, seuls 7 % des échanges extérieurs en volume de l’Allemagne transitent par le canal de Suez », précise le rapport.

Les chiffres exacts concernant la chute des revenus dans les principaux ports de la zone sont difficiles à obtenir. Mais ils devraient être conséquents. A Djibouti par exemple, 75 % du PIB proviennent des services, essentiellement constitués par l’importante économie portuaire développée ces vingt dernières années pour faire de ce pays, désertique mais stratégiquement situé, un hub logistique.

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