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« Le télétravail fait-il du bien aux salariés ? Ce que l’on a appris avec le Covid-19 »

[Le télétravail s’est installé dans la durée. On en connaît un peu mieux les effets sur la vie des salariés. Claudia Senik, professeure à Sorbonne Université et à l’Ecole d’économie de Paris (PSE), en dresse un très large panorama, établissant les liens de causalité avec le bien-être. Directrice de l’Observatoire du bien-être au Cepremap et membre de l’Institut universitaire de France, elle présente une plongée dans les études menées en Europe, aux Etats-Unis et dans le monde sur le sujet. Ses travaux portent sur l’économie du bien-être subjectif, et en particulier sur le lien entre revenu, croissance, inégalités et bonheur.]

Pendant de longues années, les salariés ont rêvé de pouvoir travailler à distance au moins un jour par semaine, tout en se heurtant à la réticence sceptique des entreprises. Mais, en mars 2020, le dispositif du télétravail, qui concernait moins de 5 % des travailleurs avant le Covid-19, a soudain été imposé à près de 40 % d’entre eux.

Cette expérience permet de savoir si le télétravail est propice ou néfaste à leur bien-être. Si la possibilité de travailler à domicile est largement plébiscitée par les employés, son effet sur leur bien-être dépend étroitement du temps passé en télétravail, selon que celui-ci est pratiqué à temps complet ou à temps partiel, le télétravail partiel étant celui qui se révèle bénéfique.

Ce texte reprend le contenu d’une note de l’Observatoire du bien-être du Cepremap. Dans la plupart des pays, en 2020 et 2021, durant la pandémie de Covid-19, le recours massif et forcé au télétravail chaque fois qu’il était possible d’exercer son emploi à son domicile a fait partie de la panoplie des interventions non pharmaceutiques contre la pandémie.

Variable selon les pays, ceci a concerné environ un tiers des emplois, principalement dans le secteur des services. Ce choc a provoqué l’accélération d’une évolution ancienne mais lente, conduite par la technologie numérique, qui permet aux salariés de travailler en dehors des locaux de l’entreprise, à domicile, dans des bureaux distants ou dans des espaces de coworking.

Une fois la pandémie terminée, il est peu probable que l’on revienne au statu quo ante, car le stigmate potentiel qui était associé au travail à distance a disparu, et les travailleurs ainsi que les entreprises ont réalisé des investissements substantiels dans les équipements nécessaires pour travailler à domicile (Barrero, Bloom, et Davis 2021).

Les enjeux sont importants, car un passage massif et durable au télétravail déclencherait une chaîne de conséquences de grande ampleur, non seulement sur les modalités de travail, mais aussi sur l’occupation du territoire, le marché du logement, les coûts salariaux, les niveaux d’emploi et la croissance macroéconomique (Bergeaud et Ray 2021 ; Pabilonia et Vernon 2021).

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