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La Tunisie à l’épreuve du changement climatique

L'incendie du 24 juillet 2023 a ravagé la forêt de Melloula, dans le nord-ouest de la Tunisie, jusqu'à buter sur la mer Méditerranée. Sur les hauteurs de Tabarka, le 7 février 2024.

Les montagnes verdoyantes qui surplombent la ville côtière de Tabarka, dans le nord-ouest de la Tunisie, sont battues, ce matin de février, par le vent et la pluie. L’hiver est enfin là. « Plus personne n’y croyait », tant les températures ont été anormalement douces ces derniers mois, assure Oualid Hemissi, 43 ans, derrière le comptoir de son café Le Palmier dans le petit village de Melloula, dernier hameau tunisien avant la frontière algérienne. Elles ont succédé à un été 2023 « apocalyptique » selon M. Hemissi, avec des valeurs dépassant allègrement les 40 °C dans la région et sur l’ensemble du territoire, culminant à 50 °C dans la capitale, Tunis, le 23 juillet.

Le paysage environnant porte encore les cicatrices de cette vague de chaleur. Dans la forêt voisine, tout n’est que charbon. Les chênes, les pins, les eucalyptus et toute la végétation ont été ravagés par les flammes, le 24 juillet, au cours de l’un des nombreux incendies qui ont touché le pays au cours de l’été. « C’était irréel, on aurait dit un tsunami de feu ! », s’étonne encore M. Hemissi, qui a vu sa maison détruite au cours de la catastrophe. « Il y a souvent des incendies l’été, mais nous n’avions jamais vu une telle intensité. Les flammes se propageaient à une vitesse folle », insiste un lieutenant de la protection civile accoudé au guéridon.

L’homme – qui préfère taire son nom – raconte comment la végétation sèche a favorisé l’embrasement, comment avec ses équipes il a bataillé, deux jours durant, pour parvenir à maîtriser le sinistre. Au total, près de 500 hectares de forêt sont partis en fumée dans ce laps de temps. Depuis, la protection civile s’efforce de multiplier les entraînements et d’entretenir les coupe-feux. Mais le lieutenant reste lucide : « Avec la sécheresse et les fortes chaleurs que l’on observe, il n’y a aucun doute que des épisodes comme celui-ci vont se reproduire. »

Dans la forêt de Melloula, dans le nord-ouest de la Tunisie, le 7 février 2024.

« Nous n’avons pas les moyens de lutter »

Pour Zouhaier Hlaoui, climatologue et enseignant à l’université de Tunis, la multiplication des incendies « est l’une des conséquences indirectes des changements climatiques » qui touchent « très durement » l’ensemble du territoire. « Nous en observons deux types : des manifestations lentes telles que l’augmentation globale des températures, l’accélération et l’augmentation des années de sécheresse, la baisse de la pluviométrie » ainsi que « des manifestations rapides comme des vagues de chaleur ou des orages plus longs et plus intenses ». L’année 2023 a cumulé les records. L’Institut national de météorologie a enregistré le mois de mai le plus pluvieux et les mois de juillet et de novembre les plus chauds depuis le début des mesures en 1950 ainsi que le mois de septembre le plus sec depuis 1970.

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