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En Iran, une victoire sans surprise des conservateurs après une abstention sans précédent aux législatives

Les conservateurs au pouvoir en Iran ont remporté sans surprise les élections législatives de vendredi, marquées par une abstention inédite depuis le début de la République islamique, en 1979. Quatre jours après le scrutin, le ministère de l’intérieur a annoncé, lundi 4 mars, que « 25 millions » d’Iraniens, soit « 41 % » des 61 millions d’électeurs, s’étaient déplacés dans les bureaux de vote. Ce chiffre est inférieur à celui de 42,57 % pour les précédentes législatives, en 2020, qui avaient été perturbées par la crise du Covid-19.

La participation a ainsi été la plus faible pour des législatives depuis la révolution de 1979, sur fond d’appels à l’abstention lancés à la suite de la disqualification de nombreux candidats modérés ou réformateurs avant le scrutin. Ces élections étaient considérées comme un test pour le pouvoir, car elles étaient les premières depuis le vaste mouvement de contestation ayant secoué le pays à la suite de la mort, en septembre 2022, de la jeune Mahsa Amini, arrêtée pour non-respect du strict code vestimentaire iranien.

Le ministre de l’intérieur, Ahmad Vahidi, s’est félicité lundi qu’« en dépit de la propagande puissante et sans précédent des ennemis et du recours à tous les outils pour dissuader les gens de voter, et malgré des problèmes économiques, le peuple a montré une magnifique mobilisation ». Il a mis en cause des forces « néfastes, parmi lesquelles des services de renseignement et des groupes terroristes » ayant tenté de « saper la sécurité » des élections, sans y parvenir. Il n’a pas donné de détails à propos de ces « ennemis », mais le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, avait mis en cause les Etats-Unis, Israël et certains pays européens. Washington avait jugé, jeudi, que ces élections n’étaient ni « libres » ni « équitables ».

« Elections dénuées de sens »

La principale coalition de partis réformateurs, le Front des réformes, avait annoncé son refus de participer à ces « élections dénuées de sens » après la disqualification de nombreux de ses candidats avant le scrutin. En raison de ce boycott, le prochain Parlement sera très largement sous le contrôle des différentes formations conservatrices et ultraconservatrices qui soutiennent le gouvernement du président Ebrahim Raïssi, élu en 2021.

La composition du Parlement ne sera connue qu’après un second tour, qui se tiendra en avril ou mai pour 45 des 290 sièges, les candidats n’ayant pas obtenu un nombre suffisant de suffrages.

D’après l’analyse par les médias des différentes listes en présence, quelque 200 des 245 députés déjà élus peuvent être rattachés aux « principalistes », appellation qui regroupe toutes les tendances du camp conservateur, jusqu’aux plus extrêmes.

Ces dernières, favorables à une ligne stricte quant aux valeurs de la République islamique, comme le port obligatoire du voile, prônent la fermeté vis-à-vis des pays occidentaux. Les responsables de ces tendances sont restés discrets, et aucun n’a crié victoire. Certains d’entre eux ont été difficilement réélus, à l’image du président du Parlement sortant, Mohammad Bagher Qalibaf, qui pourrait se voir contester la présidence de l’Assemblée.

Le nombre de députés réformateurs ou centristes devrait être compris entre 40 et 45, selon les estimations de journaux modérés. Sur l’ensemble du territoire, 11 femmes ont été élues, sur 245, alors qu’elles sont 16 à siéger actuellement au Parlement.

Les Iraniens étaient également appelés à renouveler les 88 membres de l’Assemblée des experts, chargée de désigner le guide suprême. Composée de 88 religieux, cette assemblée va rester dominée par les conservateurs, des candidats modérés ayant été disqualifiés, à l’image de l’ancien président Hassan Rohani.

L’Assemblée des experts renouvelée pourrait être appelée à jouer un rôle de premier plan dans le processus de désignation d’un nouveau guide suprême en cas de disparition de l’ayatollah Ali Khamenei, âgé de 84 ans.

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Le Monde avec AFP

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