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« Le salaire moyen annuel net a quintuplé entre 1913 et 2020 »

Historiquement, les salaires ont connu en France des périodes successives d’augmentations et de ralentissements, bien que le salaire moyen annuel net ait quintuplé entre 1913 et 2020, soit une progression d’environ 1,6 % par an. Après les importantes améliorations de la Belle Epoque, de 1900 à 1914, des phases hachées de ralentissements et d’accélérations se succèdent de 1913 à 1950 au gré des guerres et des crises économiques, avant de connaître une forte croissance de 1950 à 1980 – les salaires réels triplent sur la période –, puis une phase de ralentissement depuis 1980.

Le salaire moyen évolue bien sûr en fonction de la croissance du produit intérieur brut par heure travaillée (la productivité), de la hausse des prix (8 % par an sur un siècle) et du taux de chômage. Mais le marché du travail salarié n’est pas la simple addition des rencontres individuelles entre un employeur et un salarié, comme a tendance à le conceptualiser la théorie économique. Il dépend de l’interaction entre cinq parties prenantes : les salariés eux-mêmes, les syndicats, les employeurs et leurs syndicats, les pouvoirs publics et le marché international du travail, au rôle grandissant. Ces forces de rappel jouent à la fois sur la moyenne des salaires et sur les écarts de salaires.

Si l’ingénieur gagne plusieurs fois le salaire du manœuvre, c’est parce que, selon les économistes, la qualification et les responsabilités du premier le rendent plus rare dans la création de valeur ajoutée de l’entreprise, et donc plus cher. Les qualifications définissent ainsi les plus importants écarts de salaires, mais il y a aussi des différences selon l’âge, le genre, la taille d’entreprise, le secteur ou la région. L’innovation engendre aussi l’apparition de nouveaux métiers (informatique, marketing) mieux payés.

Faible ouverture de l’éventail des salaires

En France, l’écart entre les 10 % de salariés les mieux payés et les 10 % les moins payés était de 3 en 1950. Dopé par la croissance, il a atteint 4,1 en 1967 avant de revenir à 3 au début des années 1980, position qu’il n’a pas quittée depuis, comme dans les pays aux grilles salariales les moins ouvertes (Allemagne, Suède). Aux Etats-Unis cet écart est de 5.

Quatre forces maintiennent la faible ouverture de l’éventail des salaires. D’abord, la fonction publique (centrale, territoriale et hospitalière), qui représente environ 20 % des actifs, se situe au centre de l’éventail des salaires, avec une grille plus resserrée que celle du secteur privé.

Le deuxième stabilisateur est l’Etat social qui, depuis les années 1945-1948, a créé un « sursalaire » pour la santé, la retraite, la famille et l’emploi, soit un quart de revenu supplémentaire fait de prestations. Le troisième stabilisateur est l’ensemble des conventions collectives apparues en 1891, puis déployées à partir de 1950. Elles couvrent un nombre majoritaire de salariés et tendent à aligner les entreprises d’un même secteur sur un niveau convergent, même si la décentralisation conventionnelle depuis 1982 a augmenté l’individualisation des dispositions. Malgré leur côté parfois spectaculaire, les grèves sont moins efficaces que la négociation collective pour augmenter les salaires.

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