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Agriculture : « Le gouvernement doit se doter d’une politique de restauration des sols »

L’Etat doit cesser de laisser les agriculteurs seuls face aux défis climatiques colossaux qui les attendent et commencer à réellement les accompagner dans la transition du secteur. Cela s’illustre particulièrement pour un enjeu écologique peu connu et pourtant crucial : la restauration des sols. En Europe, 60 % d’entre eux sont dégradés. Cela est dû en grande partie à l’érosion – les sols français perdent 1,5 tonne de terre par hectare chaque année –, ainsi qu’au tassement que leur impose le passage des lourdes machines agricoles.

Les pratiques agricoles conventionnelles sont également en cause, notamment la pratique trop régulière du labour, qui perturbe le fonctionnement biologique des sols, et l’utilisation massive de pesticides. Ceux-ci sont, en effet, déversés en quantités importantes : 3,4 kilos par hectare et par an en France, contre 2,5 kilos au Royaume-Uni en 2020, par exemple.

Ce traitement sera, à terme, fatal pour nos sols. Il tue une bonne partie des micro-organismes qui s’y trouvent, pourtant à l’origine du développement de nos cultures agricoles. Cette vie souterraine décompose, en effet, la matière organique (feuilles, branches…), d’abord par des transformations biologiques physiques (vers de terre, termites, fourmis…), puis chimiques (bactéries, champignons). Cette dernière étape convertit la matière décomposée en particules minérales, qui seront ensuite captées par les végétaux pour leur nutrition.

Multiples pressions

Ce bel équilibre est cependant détruit par les pratiques agricoles majoritaires, dont, entre autres, l’usage massif des pesticides, dont les effets délétères sur les micro-organismes souterrains sont généralisés. De nombreuses études l’ont démontré, dont une méta-analyse publiée en 2023. Dans ce contexte, les sols s’appauvrissent, une tendance visible à l’échelle mondiale. Les engrais ne font que retarder les effets de cette fatigue généralisée.

Ces multiples pressions, à la fois physiques et chimiques, font alors peser sur notre approvisionnement alimentaire une menace concrète : la perte de la fertilité de nos sols. Et cela ne relève pas de la dystopie. En 2017, le ministre de l’environnement britannique lançait l’alerte : au rythme actuel de l’agriculture intensive, les sols fertiles disparaîtraient dans certaines parties du pays d’ici trente ou quarante ans. Avant d’ajouter : « Les pays peuvent survivre à des coups d’Etat, à des guerres et des conflits, mais aucun pays ne peut survivre à la perte de ses sols et de leur fertilité. » L’histoire l’a déjà démontré.

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