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Dans les Alpes, la neige fond et le trafic de l’aéroport s’envole

La future maraîchère Elsa Sidawy milite pour le développement d’activités agricoles en lieu et place de l’extension de la zone d’activités attenante à l’aéroport de Chambéry.

En s’installant à Tresserve, en Savoie, Julien Zmyslowski et sa compagne pensaient arriver dans « un havre de paix ». Le village qui a inspiré Le Lac au poète Alphonse de Lamartine offre une vue époustouflante sur le lac du Bourget. Mais, déplore le jeune couple, « on a le trafic de drogue sur le parking de la mairie et les avions dans la vallée… » Car, non loin de là, l’aéroport Chambéry-Savoie-Mont Blanc, dont les activités commerciales remontent à 1960, tourne à plein régime : du 15 décembre au 15 avril, des charters acheminent des milliers de Britanniques vers les stations. Trente arrivées et trente départs pour les grosses journées, notamment en février. Sans compter les jets privés, une part infime du trafic, précise Frédéric Richer, le directeur de l’aéroport administré par Vinci. Avec au maximum quatre vols par heure jusqu’à 21 heures, le trafic total de l’aéroport a représenté cent soixante-neuf mille passagers en 2022-2023.

Dans un département qui tire la moitié de sa richesse du tourisme, Julien Zmyslowski reconnaît son utilité mais serait favorable à son arrêt : « Nous, on nous oblige à rouler en voiture électrique. Eux, ils ne sont pas nombreux dans leur jet privé et ils le prennent tous les week-ends. » En cette fin d’après-midi, alors que les enfants s’amusent sur l’aire de jeux, en face de l’école de Tresserve, Laurence Roux, une habitante du village, sort la ­sulfateuse, à l’évocation du sujet. « Les écolos, ils en ont après les jets, s’énerve-t-elle. C’est l’écologie punitive. C’est comme les bobos parisiens qui viennent à la campagne : ils sont contre les cloches qui sonnent et les vaches qui pètent. L’aéroport, ça fait de l’activité, du boulot. Il faut le garder ! »

 L’aéroport Chambéry-Savoie-Mont Blanc, en février 2024.

Porté par la gauche et les écologistes, le débat sur la légitimité de l’aéroport (à moins d’une heure et demie de Lyon) monte néanmoins en puissance. Les effets du réchauffement climatique, très visibles dans les Alpes, font réfléchir. « Quand j’étais jeune, se souvient Arthur Boix-Neveu, 30 ans, maire Génération. s de Barberaz, près de Chambéry, je suis rentré en avion du Royaume-Uni, où j’étais en Erasmus. Je trouvais super de m’être levé à 8 heures et d’être arrivé pour midi. » Et puis, il a pris « un coup sur la gueule » en prenant conscience des risques pesant sur la planète.

Pour lui, comme pour un certain nombre d’élus locaux, d’habitants ou de militants, un aéroport utilisé par 2 % des skieurs, quatre mois par an, alimentant un trafic polluant pour faire tourner une activité touristique condamnée, faute de neige, ne se justifie plus. Fermons-le, a proposé Arthur Boix-Neveu à ses homologues de l’agglomération Grand Chambéry. « Tous m’ont regardé avec des yeux écarquillés, se souvient-il. Ils m’ont dit : “Tu vas tuer le tourisme hivernal.” Mais non ! On va juste demander à 2 % des touristes de voyager différemment… » Les Britanniques pourraient rejoindre les Alpes en TGV via Paris, suggère-t-il.

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