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Salaires : « Nos trois leviers pour “désmicardiser” la France »

« Il faut “désmicardiser” la France », a lancé le premier ministre, Gabriel Attal, à l’Assemblée nationale, mardi 30 janvier, lors de sa déclaration de politique générale. « On ne peut accepter une France où beaucoup sont condamnés à rester proches du smic toute leur carrière. » La part des salariés au smic en France a en effet augmenté de quasiment 50 % ces deux dernières années : 12 % en 2021, 14,5 % en 2022 et 17,3 % en 2023, selon les chiffres de la Dares.

Cette augmentation résulte de la combinaison de trois phénomènes :

  • Le smic est automatiquement indexé sur l’inflation. En période de forte inflation que nous connaissons depuis plus de deux ans, il augmente fortement, alors que les augmentations des autres salaires ont été en moyenne inférieures à l’inflation (la compensation de la perte de pouvoir d’achat a cependant parfois été accordée sous forme de primes).
  • De nombreuses branches professionnelles ont encore des salaires minimaux inférieurs au smic, ce qui fait que tous les salariés du bas de l’échelle se retrouvent automatiquement au smic.
  • Les exonérations de cotisations sociales sur les bas salaires (jusqu’à 1,6 smic) désincitent les employeurs à accorder des augmentations de salaires. Comme l’a précisé le premier ministre, « aujourd’hui, pour augmenter de 100 euros le revenu d’un employé au smic, l’employeur devra débourser 238 euros de plus ». De plus, selon la CAF, un salarié au smic qui reçoit une augmentation de 100 euros net par mois voit sa prime d’activité réduite de 117 euros. Ni l’employeur ni le salarié n’ont donc intérêt à ce que le salaire augmente. C’est ce qu’on appelle une trappe à bas salaires.

Lutter contre la trappe à bas salaires

De ce fait, de nombreux salariés n’ont aucune perspective de progression durant toute leur carrière et ont un sentiment de déclassement.

Mais, pour autant, il ne faut pas oublier les deux avantages de ce système :

  • L’indexation automatique du smic évite la paupérisation des salariés, automaticité qui n’existe pas dans la plupart des 28 Etats de l’OCDE (sur 36) qui ont un salaire minimum. La désmicardisation ne doit donc pas passer par une suppression ou une réduction de l’indexation du smic sur l’inflation.
  • Les exonérations de cotisations sociales sur les bas salaires permettent d’aider les employeurs à embaucher des personnes peu ou pas qualifiées. En effet, un des problèmes de notre pays réside dans le fait qu’il y a encore environ 110 000 jeunes qui sortent chaque année du système scolaire sans aucune qualification. Réduire ces exonérations aurait un effet néfaste sur l’emploi.

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