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« Réindustrialiser reviendrait à augmenter la consommation de l’eau par l’industrie dans un contexte de tension sur la disponibilité de cette ressource »

Le constat sur la disponibilité de nos ressources en eau est alarmant : les restrictions d’usage ont touché plus de 67 % des territoires français en 2020, et les prévisions montrent une possible réduction de l’eau de surface allant jusqu’à 50 % d’ici à 2070. Face à ce constat, le plan eau fixe un objectif de diminution de 10 % des prélèvements à horizon 2030, soit 1,8 % par an en moyenne. Simultanément, nous voulons réindustrialiser notre pays, pour notre cohésion territoriale, pour notre souveraineté, pour la transition environnementale.

Or, l’eau est essentielle à tout processus productif, et le débat sur sa consommation par l’industrie est ouvert, comme en témoignent les exemples de Bridor en Bretagne ou de STMicroelectronics à Grenoble. Les prélèvements de l’industrie, 4 % du total actuel, ont diminué de 1,8 % par an en moyenne entre 1995 et 2020, mais c’est principalement à cause de la désindustrialisation. Réindustrialiser reviendrait donc à augmenter la consommation de l’eau par l’industrie dans un contexte de tension sur la disponibilité de cette ressource. Face à cet enjeu majeur, trois axes de progrès sont identifiables : d’abord, l’amélioration des procédés et l’innovation technologique.

Par exemple, l’entreprise sucrière Cristal Union, avec la mise en place d’osmoseurs, a réduit ses prélèvements d’eau du milieu naturel de près de 57 %. Certains industriels prennent d’ailleurs en compte un prix interne de l’eau (comme un prix carbone) pour anticiper les tensions sur la ressource et orienter leurs décisions d’investissements. D’autres approches impliquent la coopération entre acteurs. Les 90 % de prélèvements industriels restitués au milieu naturel peuvent devenir une ressource pour d’autres industries, ce qui représente autant de réduction des prélèvements initiaux.

Une priorité : partager les données

Cependant, si la puissance publique a une connaissance précise des volumes prélevés et des usages et la rend publique sur le portail de la Banque nationale des prélèvements quantitatifs en eau (BNPE), il n’existe pas, la plupart du temps, de données partagées qui recensent la quantité et la qualité des eaux usées, alors que ces dernières pourraient devenir une ressource pour un projet industriel, et donc un critère de choix d’implantation.

C’est pourtant ainsi que fonctionne déjà le bassin industriel de Dunkerque, qui a fait ses preuves – sur l’eau comme sur d’autres sous-produits d’activités – pour l’implantation des gigafactories en s’appuyant sur son outil de « Toile industrielle ». Enfin, gouverner, c’est anticiper. Parfois avec des idées originales ou avant-gardistes. Nous aurons de plus en plus de restrictions d’usage, c’est certain.

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