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Agriculture bio : le fonds d’urgence réhaussé à 90 millions d’euros par le gouvernement

Le gouvernement a porté, mercredi 28 février, le nouveau fonds d’urgence destiné à aider les agriculteurs certifiés bio en difficulté à 90 millions d’euros, tout en maintenant les objectifs de conversion à cette filière sans pesticides ni engrais de synthèse.

Ce fonds, qui doit être encore approuvé par la Commission européenne, s’ajoute aux 104 millions d’euros d’aides versées en 2023 aux exploitants du secteur qui pâtissent depuis deux ans d’une consommation en berne dans un contexte de forte inflation.

« Le premier ministre avait posé [à la fin de janvier] les bases d’un fonds à 50 millions d’euros et on va [le] rehausser à hauteur de 90 millions d’euros », a annoncé le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, au Salon de l’agriculture. L’idée est d’envoyer aux agriculteurs « le message qu’on a acté que les difficultés se prolongent », ajoute son cabinet. Ils pourront déposer une demande lorsque Bruxelles aura donné son aval, en mars ou en avril, espère le ministère, qui table sur un versement d’ici à la fin de juin.

Sont éligibles les exploitations tirant au moins 85 % de leur chiffre d’affaires du bio et ayant connu une baisse de leur excédent brut d’exploitation ou de leur chiffre d’affaires d’au moins 20 %.

Ce fonds reste loin des revendications de la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB), qui réclame un plan « à la hauteur des pertes subies par les filières, à savoir plus de 250 millions d’euros par an depuis deux ans ».

Lire l’analyse | Article réservé à nos abonnés L’agriculture biologique, en crise, attend un soutien fort de l’Etat

« Coup de frein »

L’organisation avait exprimé, au début de février, son sentiment d’être l’un des grands perdants de la récente mobilisation des agriculteurs. Outre l’insuffisance du fonds d’urgence, elle fustige les nombreuses annonces du gouvernement, en particulier sur les pesticides, qu’elle voit comme des « régressions environnementales ».

Après plusieurs années de croissance soutenue, les ventes de produits bio, réputés plus chers et concurrencés par des labels aux critères moins exigeants ou des produits locaux, ont commencé à régresser en 2021. Les ventes en magasins ont baissé de 5 % en 2022. « C’est un petit renversement de tendance qu’on espère momentané », a déclaré Jean Verdier, président de l’Agence bio. Le dernier baromètre de cet organisme public chargé de promouvoir le secteur, publié mercredi, fait part d’un « coup de frein dans la transition alimentaire ».

Les préoccupations sanitaires et environnementales, jusqu’à présent la principale motivation pour la consommation de bio, prennent moins d’importance dans l’esprit des 4 000 Français interrogés, qui accordent en revanche plus de valeur au plaisir de l’alimentation, selon ce baromètre.

« On sent la fatigue des consommateurs qui ne retournent plus autant les paquets pour lire l’étiquette », estime Laure Verdeau, directrice de l’Agence bio. Les prochaines campagnes de promotion devront, selon elle, « miser sur la charge émotionnelle et la proximité ».

Du bio au menu

Les chiffres ne sont pas encore disponibles pour 2023, mais le secteur redoute un léger mouvement de « déconversion » d’agriculteurs bio, qui couvrent désormais 10,7 % de la surface agricole utile en France, vers le conventionnel. Pour le lait bio, par exemple, la production a reculé de 4 % en 2023 après avoir quasiment doublé depuis 2017, a relevé lundi Pascal Le Brun, président de La Coopération laitière. Un tiers du lait bio est actuellement écoulé dans la filière conventionnelle. Pour le vice-président de la Fédération nationale des producteurs de lait, Samuel Bulot, « manquer de lait bio d’ici quelques années, ce serait vraiment un échec ».

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L’objectif reste toujours que 18 % des terres agricoles soient affectées au bio en 2027, affirme le cabinet de Marc Fesneau. « Si on est pragmatique, on voit bien que 2024 sera une année de consolidation avant un plateau puis un nouveau départ à la hausse », ajoute-t-on. Dans cette optique, le gouvernement a aussi présenté mercredi le programme Ambition bio 2027, autour de trois axes : stimuler la demande, consolider les filières bio, accompagner les agriculteurs face aux enjeux sociaux et environnementaux.

Le gouvernement veut notamment pousser les cantines et les établissements de santé à atteindre les 20 % d’approvisionnement en bio requis par la loi EGalim, et encourager les restaurants à ajouter du bio dans leur menu.

Le Monde avec AFP

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