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« Les parkings vont devenir des infrastructures marginales dans les métropoles »

Carlos Moreno est le directeur scientifique de la chaire Entrepreneuriat, territoire, innovation à l’IAE Paris-Sorbonne et auteur de Droit de cité. De la « ville-monde » à la « ville du quart d’heure » (Editions de l’Observatoire, 2020).

A quand les premiers parkings remontent-ils ?

Les parkings sont apparus avec la voiture. En tant qu’objets urbanistiques, ils ont à peine plus d’un siècle d’existence. A Paris, avant l’arrivée des voitures, les calèches tirées par des chevaux stationnaient dans les cours des maisons et des immeubles. Les chevaux des trois compagnies d’omnibus et de tramways logeaient dans des écuries à étages. On comptait encore 80 000 chevaux à Paris au début du XXe siècle. A l’inverse, les premiers véhicules à moteur dormaient dans la rue, à ciel ouvert.

La production des voitures en série est-elle à l’origine des parkings collectifs ?

La bascule se fait d’abord lorsque la voiture commence à être perçue comme un luxe, un bien à protéger. En ville, elle prend d’abord la place des écuries, transformées en garages dans les cours d’immeuble. Et, en effet, avec le succès outre-Atlantique de la Model T, de Henry Ford, produite en grande série à partir de 1908, les voitures se démocratisent et l’on se met à construire des parkings collectifs. En France, l’un des plus anciens date de 1905. C’est le parking d’Auguste Perret [1874-1954], le père de l’architecture en béton, situé rue de Ponthieu, dans le 8e arrondissement de Paris.

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Pourquoi l’espace public s’impose-t-il d’abord comme lieu de stationnement ?

Dans les années 1950, les voitures sont devenues un produit de masse et les automobilistes cherchent à se garer. A Paris, l’ordonnance de 1954 autorise le stationnement des voitures dans la rue, la nuit, et, en 1957, l’introduction des disques bleus, permettant de stationner gratuitement dans les zones bleues, légitiment l’occupation de la voirie. Contrairement aux Etats-Unis, où les habitants se déplacent massivement à la périphérie et font leurs courses dans des centres commerciaux entourés de parkings, les villes européennes, plus compactes et en manque de foncier, n’offrent bien souvent aux automobilistes que leurs rues pour stationner.

Quels types de parkings a-t-on construits ?

Peu à peu, trois typologies de construction vont coexister : en surface, en étages et en sous-sol. Le parking est le seul ouvrage qui touche les trois dimensions de la ville. Dans les années 1960, le fonctionnalisme en architecture et l’usage massif du béton triomphent. C’est aussi à cette époque qu’on lance [l’aménagement de] la Défense et la voie d’accès Georges-Pompidou [le long de la Seine]. Et, en 1964, le premier parking de 720 places est construit sous la place des Invalides, puis sous la dalle de la Défense.

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