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La bonne fortune de Dominique de Villepin

Dominique de Villepin dans les studios de RTL en 2018.

Il attendait cela depuis longtemps sans oser vraiment y croire. Azdine Ouis, 44 ans, militant associatif de Corbeil-Essonnes depuis plus de vingt ans, avait pris ses distances avec la vie politique française. Lui qui aime encore se dire gaulliste a toujours cru en la vertu des grands hommes. Et des grands hommes, il n’en voyait plus dans le paysage depuis des lustres. Alors, quand il entend, ce 12 octobre 2023, la voix de Dominique de Villepin sur les ondes de France Inter, cinq jours après le massacre perpétré par le Hamas causant la mort de mille deux cents personnes, il ressent immé­diatement un sentiment mêlé de fierté et de soulagement.

Ce jour-là, si l’ex-­premier ministre de Jacques Chirac (de mars 2004 à mai 2005) se dit « surpris par l’ampleur, l’horreur et la barbarie » de l’attaque du Hamas, il reconnaît ne pas avoir été surpris par « cette haine qui s’est exprimée », sortie tout droit de « cette prison à ciel ouvert » qu’est devenue la bande de Gaza. Il met en garde le gouvernement d’Israël, martelant que « le droit à la légitime défense n’est pas un droit à la vengeance indiscri­minée », au risque « que tout cela ne se termine dans un bain de sang ».

Le jour même, Manuel Bompard, le coordinateur de La France insou­mise, alors engluée dans une violente polémique depuis que Jean-Luc Mélenchon a refusé de qualifier de terroriste l’organisation islamiste, écrit sur X : « Il est très utile dans ces moments d’entendre la parole de Dominique de Villepin. » Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, y va aussi de son message de soutien. La droite et la majorité restent, elles, silencieuses, comme si Dominique de Villepin était devenu un ovni politique dont il fallait se tenir à distance. En tout cas publiquement.

Etre villepiniste, c’est accepter d’être seul

Azdine Ouis, lui, n’a pas oublié qu’il appartient à une étrange petite tribu politique tombée en désuétude : les villepinistes. Ce n’est ni un mouvement ni un club, à peine une amicale… Il sait qu’il ne faut pas attendre beaucoup de choses du grand homme : ni gratitude ni signe de reconnaissance. En 2011, ce conseiller municipal de Serge Dassault à la municipalité de Corbeil avait intégré la petite équipe réunie autour de l’ex-premier ministre pour lancer sa campagne présidentielle. Azdine Ouis devient le M. Associations et banlieue du candidat.

Il organise quelques déplacements, et puis tout s’arrête brutalement en janvier 2012, quand Dominique de Villepin, n’ayant pas récolté les indispensables cinq cents signatures, est contraint de jeter l’éponge et de laisser son ennemi historique, Nicolas Sarkozy, briguer un second mandat face à François Hollande. Depuis, Azdine Ouis sait qu’être villepiniste, c’est accepter d’être seul. Mais il veut écouter toutes ces voix amies qui le pressent depuis plusieurs jours de faire quelque chose. Alors, le 3 décembre, il décide de lancer, tout seul dans son coin, une pétition en ligne pour appeler à la candidature de Dominique de Villepin à la présidentielle de 2027.

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