Close

Judith Godrèche appelle à des « changements » dans les institutions cinématographiques

L’actrice Judith Godrèche durant son discours à la cérémonie des Césars, à Paris, le 23 février 2024.

« Ceux qui m’ont envoyé des messages se comptent sur les doigts de la main. » Après son discours vendredi au cours de la Cérémonie des Césars, où elle a notamment dénoncé le « niveau d’impunité, de déni et de privilège » du milieu du cinéma concernant les violences sexuelles, Judith Godrèche a de nouveau déploré le « silence » de la profession, dans une interview accordée au Parisien, publiée samedi 24 février.

« D’abord, le silence des adultes de l’époque où j’étais adolescente, qui se cachent dans les bois : même si je comprends que ces gens doivent faire face à la culpabilité, à la difficulté de dire les choses, c’est quand même assez stupéfiant. Ensuite, le silence du milieu du cinéma en général », a expliqué l’actrice, qui a porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des violences sexuelles et physiques qui remonteraient à son adolescence. Une enquête a été ouverte contre les deux réalisateurs pour « viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité, viol, violences par concubin, et agression sexuelle sur mineur de plus de 15 ans par personne ayant autorité »

Au cours de son discours de vendredi devant la « curieuse famille » du cinéma français, Judith Godrèche a notamment dénoncé le « trafic illicite de jeunes filles » dans le monde du cinéma. « Je parle, je parle, mais je ne vous entends pas, ou à peine. Où êtes-vous ? Que dites-vous ? Un chuchotement. Un demi-mot », a-t-elle lancé vendredi soir.

« Je ne lâcherai pas »

Dans son interview au Parisien, l’actrice de 51 ans explique notamment avoir « beaucoup hésité » à s’exprimer durant la cérémonie. « C’était très angoissant, j’avais l’impression d’entrer dans une forteresse complètement fermée, d’arriver dans un dîner où certains auraient préféré que je ne sois pas là », poursuit-elle. « [Mais] il fallait que j’aille au bout de ma démarche [sa plainte contre MM. Jacquot et Doillon]. Que je regarde ce milieu droit dans les yeux, lors d’une cérémonie qui célèbre le cinéma français », explique-t-elle.

Si elle se dit « très touchée par le fait que les gens » l’aient applaudi debout après son discours vendredi, seuls les prochains jours diront « si c’est l’expression d’un sentiment commun. (…) Si c’était un geste qui n’est pas ancré dans une conviction et un désir que les choses changent, alors il ne se passera rien ».

Alors que plusieurs actrices ont dénoncé ces dernières semaines les violences qu’elles auraient subies de la part de MM. Jacquot et Doillon, Judith Godrèche appelle désormais à « des changements » à la tête des institutions cinématographiques, évoquant notamment le président du Centre national du cinéma (CNC), Dominique Boutonnat, mis en examen pour agression sexuelle sur son filleul de 21 ans. « Comment peut-on instaurer une confiance pour que la parole se délie ? Comment peut-on organiser au CNC des formations contre les violences sexuelles et sexistes ? », a-t-elle interrogé. L’actrice attend désormais « de vraies mesures pour que les actrices, acteurs, techniciennes, techniciens, puissent travailler en sécurité ».

« Pour moi, l’étape suivante, c’est de m’entourer de gens et de réfléchir à des solutions concrètes. Je continuerai, je ne lâcherai pas. Même si c’est très douloureux, j’assume le sentiment de “trahir” en quelque sorte la grande famille du cinéma », a-t-elle prévenu.

Lire aussi l’enquête | Article réservé à nos abonnés La jeune fille au cinéma ou les ravages d’un mythe

Le Monde

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top