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César 2024 : le triomphe d'"Anatomie d'une chute" et de Justine Triet

Les César ont décerné, pour la deuxième fois de leur histoire, le trophée de la meilleure réalisation à une cinéaste, Justine Triet, pour « Anatomie d’une chute ». Le long-métrage a dominé la soirée en remportant six trophées, dont celui du meilleur film, et prend un nouvel élan avant les Oscars, (le 10 mars à Los Angeles), pour lesquels il a cinq nominations.

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« Anatomie d’une chute » a remporté le César du meilleur film vendredi 23 février, dominant la cérémonie en raflant cinq autres trophées, valant par exemple le prix de la meilleure réalisation à Justine Triet. Un élan supplémentaire pour le film, Palme d’Or en mai 2023 à Cannes, en prévision de la cérémonie des Oscars, le 10 mars, où il est nommé cinq fois.

Autre favori avec douze nominations, « Le Règne animal » de Thomas Cailley remporte cinq César (meilleurs costumes, meilleur son, meilleurs effets visuels, meilleure musique originale et meilleure photographie).

Mais, pour une fois, l’essentiel n’était pas le palmarès ou les hommages, qui ont été éclipsés par le discours de Judith Godrèche, devenue figure de proue du #MeToo français. Sur la scène de l’Olympia, à Paris, l’actrice a reçu une ovation des représentant d’un 7e art accusé d’avoir couvert les violences sexuelles pendant des années à l’issue de son discours dénonçant le « niveau d’impunité, de déni et de privilège » du milieu.

« Pourquoi accepter que cet art que nous aimons tant, cet art qui nous lie, soit utilisé comme une couverture pour un trafic illicite de jeunes filles ? », a-t-elle lancé.

« Il faut se méfier des petites filles. Elles touchent le fond de la piscine, elles se cognent, elles se blessent mais elles rebondissent », a poursuivi l’actrice, qui a porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des violences sexuelles et physiques pendant son adolescence, que ces derniers nient.

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Le contraste est saisissant avec la cataclysmique édition 2020 des César. Roman Polanski, accusé de viol, y recevait le prix du meilleur réalisateur pour « J’accuse », provoquant le départ de l’actrice Adèle Haenel.

Cette dernière, qui a depuis quitté le cinéma, a reposté, sans commentaire, une photo de cette soirée sur ses réseaux sociaux vendredi.

La question des violences sexuelles a surgi dès les propos liminaires de la présidente de la cérémonie, Valérie Lemercier : « Je ne quitterai pas ce plateau sans louer celles et ceux qui font bouger les us et coutumes d’un très vieux monde où les corps des uns étaient implicitement à la disposition des corps des autres. »

Adèle Exarchopoulos, meilleure actrice dans un second rôle

L'actrice Adèle Exarchopoulos reçoit le César de la meilleure actrice dans un second rôle, le 23 février 2024 au théâtre de l'Olympia, à Paris
L’actrice Adèle Exarchopoulos reçoit le César de la meilleure actrice dans un second rôle, le 23 février 2024 au théâtre de l’Olympia, à Paris © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Tout aussi symbolique, l’Académie a remis son tout premier prix, le César de la meilleure actrice dans un second rôle, à Adèle Exarchopoulos, pour « Je verrai toujours vos visages », dans lequel elle interprète une victime d’inceste.

Avant la cérémonie, une centaine de personnes avaient manifesté devant l’Olympia, à l’appel de la CGT, pour soutenir la parole des victimes.

« Tous ensemble, on peut vraiment aider à ce que les choses bougent, un monde vraiment meilleur peut s’ouvrir », avait alors dit l’actrice Anna Mouglalis, qui a accusé les réalisateurs Philippe Garrel et Jacques Doillon de l’avoir agressée sexuellement.

Au-delà de ces discours, le sujet n’a pas fini de hanter le cinéma français, dont plusieurs représentants sont visés par des procédures judiciaires, comme Gérard Depardieu, mis en examen pour viols et agressions sexuelles et dont le Président Emmanuel Macron disait fin 2023 qu’il rendait « fière la France ».

Le président du Centre national de la cinématographie (CNC), Dominique Boutonnat, est aussi mis en cause dans une affaire d’agression sexuelle présumée sur son filleul de 21 ans.

De nouveaux appels à dénoncer des violences ont été lancés, notamment par l’acteur Aurélien Wiik, pour libérer la parole des garçons qui en auraient été victimes. Au-delà du cinéma, Judith Godrèche a dit avoir reçu plus de 2 000 témoignages en quatre jours sur l’adresse mail qu’elle a ouvert à cette fin.

  • Meilleur film : « Anatomie d’une chute » de Justine Triet
  • Meilleure réalisation : Justine Triet pour « Anatomie d’une chute »
  • Meilleur acteur : Arieh Worthalter pour « Le procès Goldman »
  • Meilleure actrice : Sandra Hüller pour « Anatomie d’une chute »
  • Meilleur scénario original : Justine Triet et Arthur Harari pour « Anatomie d’une chute »
  • Meilleur montage : Laurent Sénéchal pour « Anatomie d’une chute »
  • Meilleur second rôle masculin : Swann Arlaud dans « Anatomie d’une chute »
  • Meilleur second rôle féminin : Adèle Exarchopoulos dans « Je verrai toujours vos visages »
  • Révélation masculine : Raphaël Quenard dans « Chien de la casse »
  • Révélation féminine : Ella Rumpf dans « Le théorème de Marguerite »
  • Meilleur premier film : « Chien de la casse » de Jean-Baptiste Durand

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