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Aux enchères, le surréalisme tient le haut du pavé

René Magritte, « L’ami intime » (1958).

Cinquante-huit millions d’euros. C’est l’estimation haute de ce tableau de René Magritte (1898-1967), L’Ami intime, condensant certains des pictogrammes les plus connus du peintre belge – le chapeau melon et le ciel cotonneux – que Christie’s proposera aux enchères, à Londres, le 7 mars, dans le cadre de la vente annuelle d’œuvres surréalistes. « Le plus beau des quinze hommes au chapeau melon recensés », selon le spécialiste de la vente, Olivier Camu, qui ne désespère pas d’atteindre le précédent record de 71,5 millions d’euros, décroché, en 2022, par « L’Empire des lumières », célèbre série de troublants paysages nocturnes.

Cent ans après son avènement, en 1924, plus de vingt ans après la vente aux enchères retentissante, en 2003, de la collection du fondateur du courant artistique, le poète André Breton (1896-1966), le surréalisme est toujours plébiscité. C’est d’ailleurs une composition surréaliste, Le Violon d’Ingres, de Man Ray (1890-1976), qui détient depuis 2022 le record (12,4 millions de dollars, environ 11,9 millions d’euros) de la photographie la plus chère du monde.

Aux yeux du marchand parisien Marcel Fleiss, qui défend de longue date ses grandes et petites figures, « le surréalisme s’en sort bien par rapport aux autres mouvements », malgré le ralentissement général du marché. « C’est un investissement de sécurité avec la poésie en plus », résume Olivier Camu. Un paradoxe que cette fascination du marché pour des créateurs épris de poésie, de liberté et d’amour, bref, de ce qui n’a pas de prix…

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Depuis dix ans déjà, les expositions se multiplient autour d’un mouvement si populaire que le mot est entré dans le langage courant pour définir tout ce qui est jugé absurde. Rançon du succès, le surréalisme a été absorbé par la culture populaire, la mode, le cinéma et la publicité. C’est à Magritte que se réfère le maroquinier Delvaux pour une ligne d’accessoires reprenant son fameux chapeau melon. Magritte encore dont s’inspire le défilé haute couture de Dior, en 2018.

Leonor Fini, Leonora Carrington et Dorothea Tanning

Aux enchères aussi, le peintre belge, qui agaçait André Breton par sa farouche indépendance, tient le haut du pavé. « Depuis 2020, pas moins de quinze tableaux se sont vendus plus de 10 millions de dollars [environ 9,2 millions d’euros], une sacrée performance en quatre petites années, que seuls Picasso et Monet ont surpassée », constate le courtier en art moderne Thomas Seydoux. Les amateurs en quête d’images léchées s’intéressent en revanche moins à ses tableaux plus énigmatiques des années 1920, chargés de sombres énigmes, ou à sa période dite « Renoir », quand Magritte s’inspirait de la touche des impressionnistes.

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