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Malgré la guerre, l’indéfectible stabilité au sommet du pouvoir russe

Le ministre russe de l’intérieur, Vladimir Kolokoltsev, le premier ministre, Mikhaïl Michoustine, le vice-président du Conseil de sécurité de Russie, Dmitri Medvedev, le directeur du FSB, Alexandre Bortnikov, et la présidente du Conseil de la Fédération, Valentina Matvienko, lors du 78e anniversaire du jour de la victoire sur la place Rouge à Moscou, le 9 mai 2023.

Le 21 février 2022, à l’abri des murailles du Kremlin, Vladimir Poutine réunit son Conseil de sécurité. A l’ordre du jour : la reconnaissance par Moscou de l’indépendance des « républiques » autoproclamées du Donbass. Le point de départ de l’invasion de l’Ukraine, trois jours plus tard.

Ce soir-là, c’est tout le sommet de l’Etat russe qui a pris place face au président : chefs des services de renseignement, hauts gradés, premier ministre et titulaires des ministères régaliens, présidents des assemblées… Vingt-trois hommes et une femme, la présidente du Conseil de la Fédération, Valentina Matvienko, qui constituent sa garde rapprochée et qui, tous ensemble, font un grand saut dans l’inconnu.

Deux ans plus tard, les participants à cette réunion décisive sont toujours en place. Malgré vingt-quatre mois de guerre qui ont mis le monde et la Russie sens dessus dessous, aucun n’a été écarté, aucun visage n’a disparu des photos officielles, comme cela se pratiquait sous Staline ; aucun n’a même changé de poste.

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Ce besoin de stabilité est une constante du règne de Vladimir Poutine, au pouvoir depuis 2000. « Déjà, avant la guerre, les changements au sein de l’élite se résumaient à de simples jeux de chaises musicales », rappelle Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du centre Russie-nouveaux Etats indépendants de l’Institut français des relations internationales.

Radicalisation des élites

Parmi les soixante plus hauts personnages de l’Etat, la moyenne d’âge est de 64 ans. La plupart de ses représentants ont été formés à l’époque soviétique, souvent au sein des services de sécurité. Sans compter ceux qui furent des compagnons de route de Vladimir Poutine, depuis les dojos de Saint-Pétersbourg jusqu’aux affaires commerciales menées en commun dans les années 1990. Le contraste est éclatant avec la génération des quadragénaires qui tient les manettes en Ukraine.

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Cette remarquable stabilité est aussi le résultat de la cohésion affichée par l’élite elle-même. A l’exception d’Anatoli Tchoubaïs, nommé conseiller spécial de Vladimir Poutine en 2020 pour les questions climatiques et figure de l’aile libérale du régime, aucune défection d’ampleur n’a été enregistrée. « Les personnalités qui sont aux postes de direction doivent tout à Poutine, et ont tout à perdre sans lui, poursuit Mme Kastouéva-Jean. La loyauté, et non la méritocratie, a toujours été le fondement de cette construction. Les sanctions ont renforcé cette cohésion : même les oligarques qui se sont démarqués n’ont pu obtenir leur levée de l’Occident. Résultat, ceux qui ont été choqués par la guerre, ou n’en voulaient pas, se sont résignés. »

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