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Emmanuel Macron veut multiplier les déplacements discrets, en tenant la presse à distance

Emmanuel Macron, accoudé au bar-tabac de Roulans, dans le Doubs, le 6 février 2024.

Personne n’avait été prévenu. Lorsque le convoi du président de la République s’arrête, le 6 février vers 15 h 30, devant le bar-tabac quasiment vide de Roulans, dans le Doubs, la sidération est totale. Accompagné d’une dizaine d’officiers de sécurité, le chef de l’Etat, qui déjeunait deux heures plus tôt à l’Elysée avec le premier ministre, Gabriel Attal, s’arrête prendre un café dans ce village de Bourgogne-Franche-Comté. « C’est la surprise de la journée, de l’année et même du siècle ! », exultera, après coup, le gérant du bistrot dans la presse locale.

Ni le préfet, ni le maire, ni même le député Renaissance de la circonscription, Eric Alauzet, n’ont été avertis. Quand les premières photos du chef de l’Etat accoudé au bar sont postées sur Facebook, alertant le correspondant de L’Est républicain, Emmanuel Macron a déjà quitté l’établissement. Au jeu du chat et de la souris avec les journalistes, le président de la République a une bonne longueur d’avance.

L’Elysée ne révélera qu’a posteriori la raison de cet intrigant périple : convié, quelques jours plus tôt, par le président des Jeunes Agriculteurs, Arnaud Gaillot, à venir sur son exploitation échanger avec des représentants syndicaux, Emmanuel Macron aurait simplement voulu répondre à cette invitation. L’Association de la presse présidentielle s’offusque, dans un communiqué le 7 février, de ce déplacement « en catimini », « sur un sujet d’actualité brûlant et qui concerne tous les citoyens ». Chargés de rendre compte des faits et gestes du chef de l’Etat dans l’exercice de ses fonctions, les journalistes accrédités auprès de l’Elysée interpellent la présidence : « S’il s’était produit le moindre incident, le moindre imprévu concernant le premier personnage de l’Etat, le public en aurait-il eu connaissance ? D’ailleurs, comment s’est déroulé ce déplacement ? Impossible de le savoir. »

Joies de l’escapade

Le président de la République n’a pas jugé bon, en pleine crise agricole, de permettre aux médias de suivre ce déplacement, car il a pu constater, explique un conseiller de l’Elysée, « que, parfois, les échanges se figent et la sincérité s’amoindrit en présence des caméras et des micros ». Tandis qu’attablés devant un plateau de fromages et un verre de vin, « ses interlocuteurs peuvent parler sans filtre », « une complicité s’installe ».

Après six ans et demi de déplacements dans l’Hexagone à la rencontre des Français sous l’œil des journalistes, le chef de l’Etat, à la recherche d’« authenticité » et de « spontanéité », « a envie d’autre chose », poursuit le même conseiller. Et entend bien multiplier les déplacements hors presse et hors agenda. C’est d’ailleurs Le Monde qui apprend au maire (Les Républicains, LR) d’Argenteuil, Georges Mothron, que le chef de l’Etat a visité, le 8 février, l’unité de soins palliatifs de l’hôpital de sa commune, dans le Val-d’Oise.

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