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« Bruxelles est déterminée à casser les murs des jardins des géants de l’Internet comme Apple »

En Grande-Bretagne comme dans toute l’Europe du Nord, le jardin clos (walled garden en anglais) est une institution. Il protège des animaux, des intrus et surtout des bourrasques froides qui balayent l’Ecosse. Dans le monde numérique, les jardins clos ont également fleuri pour se protéger des mauvais vents. Le plus célèbre est celui d’Apple. Il se visite facilement, mais en sortir est plus difficile, tant les différents appareils de la marque sont reliés entre eux par des logiciels maison peu ou pas utilisés sur les appareils qui ne sont pas siglés de la fameuse pomme.

Bien sûr, les visiteurs, qui veulent proposer leurs services aux utilisateurs de tous ces objets maison, à commencer par l’iPhone, sont admis, mais il faut en payer le prix élevé et ne pas chercher à s’installer à côté. C’est notamment le cas pour les millions de développeurs qui proposent leurs logiciels sur le magasin d’application de la marque, l’App Store.

Spotify, le leader mondial de la musique en ligne, doit ainsi payer comme les autres près de 30 % du revenu qu’il génère grâce à ce magasin à Apple. De plus, la firme à la pomme aurait sciemment bloqué ses initiatives pour inciter ses clients à installer son application sans passer par l’App Store. En réponse, Spotify a porté plainte devant la Commission européenne en 2019. Celle-ci a ouvert une enquête en 2020 et, selon le Financial Times, décidé d’infliger une amende de près de 500 millions de dollars (environ 463,7 millions d’euros) à Apple. Une nouvelle qui pourrait être annoncée début mars.

Discipliner l’oligopole

Bruxelles est déterminée à casser les murs des jardins des géants de l’Internet, qu’il appelle justement les « gate keepers » (contrôleurs d’accès), autrement dit, ceux dont les plates-formes sont tellement puissantes qu’elles peuvent imposer leurs conditions aux offreurs de services. Sa nouvelle législation sur les marchés du numérique (Digital Markets Act) lui offre les outils pour limiter cette puissance des Apple, Google, Facebook et autre Amazon.

Elle n’est pas la seule à tenter de discipliner cet oligopole. En Californie, Apple a perdu en justice contre l’éditeur de jeux vidéo Epic, qui, comme Spotify, entend proposer aux utilisateurs d’iPhone une autre option à l’App Store. Il voudrait même créer son propre magasin d’applications dans les téléphones d’Apple. La Cour suprême a mis fin à cette procédure judiciaire en janvier.

Tout cela est particulièrement fâcheux pour la société créée par Steve Jobs, car elle touche à sa vision stratégique historique et à ses contraintes actuelles. Depuis les origines, la firme marie étroitement logiciels et ordinateurs, services et matériels pour mieux optimiser leur fonctionnement. De plus, les services, qui représentent 85 milliards de dollars de revenus annuels, sont sa principale source de croissance, face à la saturation du marché des smartphones. Avoir le plus beau jardin du monde crée des jalousies, mais aussi des devoirs.

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