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Aux vœux des députés RN, derrière la quête de notabilité, l’obsession pour l’immigration

Trois heures de routes verglacées pour vingt minutes d’un discours échevelé. Magalie et Grégory Bourgeois étaient prêts à tout pour assister aux vœux de leur député Jocelyn Dessigny, le 18 janvier à Chierry, dans l’Aisne. « On voulait entendre quelqu’un qui dit enfin la vérité sur les choses, c’est pour ça qu’on regarde moins la télé en ce moment », explique la mère de famille. Le couple de militants du Rassemblement national (RN), en partance pour le Portugal, « parce qu’on n’en peut plus des Arabes en France », n’a pas regretté son déplacement : l’élu a consacré une bonne partie de son discours à l’immigration.

« Nous voyons pousser les fleurs du mal de la région parisienne avec les trafics de drogues, la hausse de la criminalité, l’expansion de la prostitution et du trafic d’armes », a développé le parlementaire, fier d’établir un « lien entre ces crimes et l’augmentation de la population subsaharienne qui nous vient d’Ile-de-France. (…) Allons-nous rester les bras croisés devant ce problème ? ». L’élu n’a pas récolté que les applaudissements des soixante personnes présentes dans la salle des fêtes sise près de Château-Thierry. Ses propos ont conduit la Ligue des droits de l’homme (LDH) à écrire, jeudi 15 février, à la procureure de Saint-Quentin, Stéphanie Lescaut.

Dans le courrier que Le Monde s’est procuré, l’association porte plainte contre le député pour « provocation publique à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes en raison de leur origine ». « Les propos litigieux s’inscrivent dans un discours de haine dont la teneur ne saurait être couverte par la liberté d’expression », justifie le président de la LDH, Patrick Baudouin, dans sa lettre. Jocelyn Dessigny, qui assure ne pas être au courant de la procédure engagée par l’association, considère que « cette plainte n’a aucun sens ». « Il n’y a rien de raciste dans mes propos, se défend le conseiller municipal de Villers-Cotterêts. J’ai fait un constat que toute personne de bonne foi partage. »

Cette saisine de la justice fait tache dans un parti ayant érigé ses dizaines de cérémonies de vœux en vitrines de son entreprise de normalisation. La plupart des députés ont posté sur leurs réseaux sociaux une photo de salle comble ; aucun n’a manqué de relayer la présence, parfois, d’officiels, d’élus de tous bords, voire de représentants de l’administration fiscale, de la gendarmerie ou de France Travail (anciennement Pôle emploi), pour attester de la notabilité conquise dans les circonscriptions par l’ancien Front national. Si les cérémonies de début d’année témoignent d’une influence inédite du mouvement sur tout le territoire, les discours et les attentes des sympathisants reposaient largement – au cours de la dizaine d’événements auxquels Le Monde a assisté – sur les fondamentaux radicaux de l’extrême droite.

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