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Au Royaume-Uni, la poussée électorale de l’extrême droite accentue l’effondrement des conservateurs

Keir Starmer, chef du parti travailliste, lors d’une conférence d’affaires à Londres, le 1ᵉʳ février 2024.

Deux élections législatives partielles, deux victoires pour le Parti travailliste. Keir Starmer, le très prudent chef du Labour, pouvait se montrer satisfait, vendredi 16 février au matin, quand les résultats des scrutins organisés la veille à Wellingborough (centre de l’Angleterre) et Kingswood (ouest de l’Angleterre), deux circonscriptions jusqu’ici détenues par les conservateurs, ont été annoncés. « Le pays réclame un changement, le NHS [le service public de santé] ne marche pas, il y a une crise du pouvoir d’achat, les conservateurs ont échoué depuis quatorze ans, et les gens peuvent voir que les travaillistes ont changé », expliquait-il.

Même s’il refuse de se laisser griser, Keir Starmer se permet désormais de se considérer comme un « candidat crédible » pour devenir premier ministre après les élections générales, qui sont attendues à l’automne. « Quels progrès réalisés depuis les élections législatives de 2019, quand nous avions subi la pire défaite pour notre parti depuis 1935… »

Mais, plus qu’une vague travailliste, les deux élections partielles organisées jeudi illustrent surtout l’effondrement des conservateurs. Ceux-ci sont pris en tenaille. D’un côté, l’opposition s’est effectivement reconstruite au centre, sous la houlette de Keir Starmer. De l’autre, l’émergence d’un parti souverainiste et anti-immigration, Reform UK, lui prend des voix sur la droite. « C’est une tempête parfaite », estime sur le réseau social X Gavin Barwell, qui était directeur de cabinet de l’ancienne première ministre Theresa May.

L’ombre portée de Nigel Farage

A Kingswood comme à Wellingborough, les travaillistes l’ont emporté avec environ 45 % des voix, devant les conservateurs, qui ont respectivement réuni 35 % et 25 % des voix, soit un effondrement de 21 et 38 points par rapport à leur résultat de 2019. Et dans les deux cas, Reform UK termine en troisième position, à 10 % et 13 % des voix. A Kingswood, la poussée électorale de ce petit parti suffit à expliquer la défaite des conservateurs.

Contrôle du dépouillement des bulletins de vote à Kettering (Angleterre) pour la circonscription de Wellingborough, lors de l’élection parlementaire partielle du Royaume-Uni, le 15 février 2024.

Derrière ce relativement nouveau venu sur la scène politique britannique se trouve l’ombre portée de Nigel Farage. Reform UK est l’héritier du Brexit Party, qui lui-même succédait au UKIP (United Kingdom Independence Party), que le populiste a dominé pendant près de deux décennies. Il est dirigé depuis 2021 par Richard Tice, un homme d’affaires et compagnon de route de longue date de Nigel Farage, qui se dit prêt à lui laisser la place à tout moment.

Nigel Farage, qui a tant fait pour que le Brexit survienne, a beau être aujourd’hui sans mandat électoral et même sans position active au sein de Reform UK – il en est président honoraire –, il est au centre des débats politiques. Désormais présentateur de télévision sur la chaîne GB News, une sorte de Fox News à la sauce britannique, il manie depuis de long mois le suspense sur un possible retour en politique.

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