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Ecoles Diwan : le très politique rapport de la chambre régionale des comptes sur l’enseignement du breton

Sur un mur de l’école Diwan de Relecq-Kerhuon (Finistère) en juillet 2018.

Ce dossier ne ressemble pas aux dizaines d’autres que la chambre régionale des comptes de Bretagne produit chaque année. Habitués à contrôler les collectivités et autres organismes publics, les magistrats ont, cette fois, enquêté sur un symbole de la culture et de l’identité bretonne : Diwan. Née en 1977, cette association gère une cinquantaine d’écoles, sous contrat avec l’éducation nationale, réparties en Bretagne et en Loire-Atlantique.

Quelque 4 000 enfants y étudient, gratuitement, presque exclusivement en langue bretonne. Le français y est dispensé quelques heures par semaine. Cette méthode pédagogique dite immersive est perçue, par beaucoup, comme la clé de voûte de la survie du breton, dont le nombre de 200 000 locuteurs ne cesse de s’effriter.

Dès sa publication, lundi 12 février, le rapport a donc circulé dans le microcosme culturel et politique breton. Il intéresse aussi le Pays basque, la Corse, l’Occitanie ou l’Alsace où des structures similaires à Diwan existent. Les conclusions de l’enquête évacuent rapidement la réussite académique « satisfaisante » des élèves, la correcte gestion du budget annuel de 5 millions d’euros de l’association et les quelques ajustements statutaires recommandés… pour s’arrêter sur les « fragilités » de la structure.

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Les auteurs de l’étude pointent des « risques juridiques importants » ainsi que des « menaces sur les finances » qui empêchent une stratégie à long terme. Ces observations dépassent les responsables de l’association tant elles questionnent les volontés politiques à soutenir la vitalité du breton, ce ferment de l’identité locale. Président (divers gauche) de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard opine : « Ce rapport, produit par une institution impartiale, va m’aider à poursuivre mon action déterminée en faveur des langues régionales. La bataille est loin d’être achevée. »

« Frein symptomatique d’un gouvernement jacobin »

Si la région Bretagne a démontré son volontarisme pour soutenir Diwan, notamment financièrement, ainsi que les filières bilingues de l’enseignement public et catholique, ce n’est pas le cas de toutes les collectivités. Le conseil départemental des Côtes-d’Armor subventionne Diwan à hauteur de 133 000 euros lorsque le Finistère y consacre 800 000 euros. En Loire-Atlantique ? Rien. Des dizaines de communes refusent de verser un forfait scolaire à l’association.

Président de Diwan, Yann Uguen déplore « un écart notable entre les intentions et les actions concrètes » des collectivités, mais surtout de l’Etat. Le responsable cite un passage du rapport de la chambre régionale des comptes qui souligne la laborieuse mise en œuvre d’une convention entre la région et l’Etat sur les langues régionales. Cette lenteur est perçue par Paul Molac, député (Liot) du Morbihan, comme un « frein symptomatique d’un gouvernement jacobin et d’une administration parisienne qui fait tout pour imposer le français au détriment des langues régionales ».

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