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Le chaos de la route E22 enneigée, symbole de « la Suède réelle »

LETTRE DE MALMÖ

L’autoroute E22 au niveau de Linderöd (Suède), sur laquelle jusqu’à 1 000 véhicules étaient bloqués depuis la veille en raison d’intenses chutes de neige, le 4 janvier 2024.

Mercredi 3 janvier, en Scanie, au sud de la Suède. La neige commence à tomber dans la nuit. L’institut de météorologie suédois SMHI a émis une alerte orange pour toute la région. Il est conseillé aux habitants de rester chez eux. A 10 h 38, la police reçoit une première alerte : des camions sont coincés sur l’E22, près de Hörby, à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Malmö. Un bouchon commence à se former.

Voilà le point de départ de ce qui va devenir, en quelques heures, le « chaos neigeux de l’E22 » : incident plus qu’embarrassant pour la Suède, qui met non seulement au grand jour l’absence totale de coordination entre les agences gouvernementales du pays, mais révèle aussi l’incapacité d’une administration à faire face à une situation d’urgence, d’autant plus frappante que les Suédois ont été priés, début janvier, de se préparer à l’éventualité d’une guerre.

Ce matin-là, il faudra quarante minutes pour que la police arrive sur les lieux et plus de deux heures pour que l’Administration nationale des transports (Trafikverket) décide de fermer l’E22. Un millier de véhicules sont alors pris au piège, sur trente kilomètres. Les heures passent. La neige continue de tomber. Ceux qui se trouvent près d’un restaurant, en bord de la route, s’y réfugient.

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A 18 h 30, enfin, une réunion de coordination entre les différents services concernés est organisée. L’armée est appelée en renfort. Elle débarquera à 23 heures. La barrière de sécurité entre les deux voies est alors découpée, pour libérer les voitures. Mais l’opération prend du temps. Certains passeront la nuit dans leur véhicule. Finalement, à 11 h 30, le 4 janvier, l’évacuation est terminée. Mais il faudra encore attendre près de vingt-quatre heures pour que la circulation puisse reprendre.

Une confusion totale

La polémique enfle déjà, avec une question qui revient en boucle : mais pourquoi donc a-t-il fallu autant de temps aux autorités pour réagir ? Le chargé de communication de Trafikverket, Bengt Olsson, blâme d’abord la météo, puis accuse les camions étrangers de ne pas être équipés pour la neige – information démentie ensuite – avant de rejeter la responsabilité sur les automobilistes qui auraient tenté de forcer les barrages – information également démentie.

Quelques jours plus tard, les médias publient des extraits des échanges entre les différentes organisations sur place, révélant une confusion totale. Ainsi, le 4 janvier, à 13 heures, la police demande encore que « quelqu’un assume la direction des opérations et établisse des priorités ». La veille déjà, l’armée se plaignait de ne savoir que faire : « On ne peut pas juste descendre et travailler au pif », s’énervait un responsable.

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