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« Si François Bayrou a tant cherché à infléchir la ligne gouvernementale, c’est qu’il y a péril en la demeure »

Il y a deux façons d’interpréter le coup de sang de François Bayrou qui a provoqué, mercredi 7 février, un sacré désordre en Macronie avant d’être ramené au rang de simple vaguelette puisque quatre ministres MoDem appartiennent finalement au deuxième gouvernement de Gabriel Attal.

La première interprétation s’inscrit dans le cours de l’histoire : Bayrou a fait du Bayrou. Le centriste s’est montré indocile et rebelle comme en 2002 lorsque, président de l’UDF, il avait refusé d’intégrer l’UMP, comme en 2006 lorsqu’il avait décidé de voter la motion de censure déposée par le Parti socialiste contre Dominique de Villepin, comme en 2012 lorsqu’il avait aidé François Hollande à se faire élire président de la République plutôt que de soutenir Nicolas Sarkozy.

L’œil rivé sur 2027, celui qui, à 72 ans, n’a renoncé à rien a fait un énième pas de côté. Il s’est désolidarisé des récents choix d’Emmanuel Macron, le président dont il a assuré l’élection en 2017, en les jugeant non conformes à la conception qu’il se fait de l’espace central qu’il a contribué à forger en se présentant par trois fois à l’élection présidentielle. Pour résumer le contenu de ses griefs, il a estimé que la ligne incarnée par le trop jeune Gabriel Attal penchait trop à droite et faisait la part trop belle à cette « technocratie gestionnaire » qu’incarne à l’Elysée l’inamovible secrétaire général, Alexis Kohler, devenu sa bête noire.

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La seconde interprétation ne peut faire abstraction des circonstances. Si François Bayrou, à la sortie du tribunal de Paris, qui a prononcé sa relaxe, le 5 février, dans l’affaire des emplois présumés fictifs du MoDem (avec cependant un appel du parquet), a tant cherché à infléchir la ligne gouvernementale, c’est qu’il y a péril en la demeure.

La même semaine, un sondage IFOP paru dans Valeurs actuelles a mis en évidence le haut niveau de Marine Le Pen dans les sondages d’intentions de vote. Si le premier tour de l’élection présidentielle avait lieu aujourd’hui, la candidate obtiendrait 36 % des voix, sept points de plus qu’en mars 2023, au lendemain de l’impopulaire réforme des retraites.

Pas suivi par ses troupes

Toutes les critiques émises par François Bayrou contre un gouvernement « trop parisien », « trop technocratique », toutes ses injonctions pour tenter de « réconcilier la France qui se bat en bas et celle qui décide en haut » sont en résonance avec les cassures sociologique et géographique avérées par le sondage : la majorité présidentielle est dominante chez les électeurs très diplômés, parisiens, aisés, âgés. Marine Le Pen prend de plus en plus l’avantage chez les actifs, les catégories populaires et intermédiaires, la province et le monde rural. Le clivage est devenu si caricatural qu’il n’était pas aberrant qu’un cri d’alarme soit poussé à quatre mois des élections européennes.

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