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Des idées simples pour la paix au Moyen-Orient

Frappe aérienne israélienne sur le village de Khiam, dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 9 février 2024.

Il a toujours été intellectuellement plus facile de faire la guerre que la paix. Dans un cas, il s’agit de mobiliser sans état d’âme, ici et maintenant, contre un ennemi clairement identifié et de tout mettre en œuvre pour le défaire. Dans l’autre, il faut se résoudre à parier sur la réconciliation avec un adversaire honni, au point de lui confier, au moins en partie, la sécurité des générations à venir.

La prolongation depuis soixante-quinze ans du conflit moyen-oriental aggrave un tel biais cognitif de multitudes de strates de haines, de stigmatisations, de mensonges et de rancunes. Pour sortir d’une spirale aussi destructrice, la priorité doit être de clarifier avec des idées volontairement simples une situation que les fauteurs de guerre présentent justement comme inextricable. La méthode modestement suivie est de poser, pour chaque question fondamentale d’un règlement éventuel, les termes d’une alternative dont un seul terme est retenu.

Un conflit israélo-arabe ou israélo-palestinien ?

Le conflit fondateur de 1948 est significativement appelé « guerre d’indépendance » par Israël, qui a alors conquis par les armes son droit d’exister comme Etat. Mais il est tout aussi significativement appelé « guerre de Palestine » par la partie arabe, qui le décompose en deux phases : la première, de guerre entre Juifs et Arabes dans la Palestine encore sous mandat britannique ; la seconde, de guerre entre l’Etat d’Israël nouvellement proclamé et cinq Etats arabes (Egypte, Transjordanie, Syrie, Liban et Irak). La Nakba, soit la « catastrophe » de l’exode de plus de 750 000 habitants arabes de Palestine, débute dès la première phase de cette guerre, pour se poursuivre durant la seconde. Mais ce premier conflit israélo-arabe se conclut en 1949 par une série de cessez-le-feu entre Israël et ses voisins arabes, le sort des réfugiés palestiniens étant indéfiniment suspendu. Il faudra attendre un quart de siècle pour que le sommet arabe de Rabat reconnaisse l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme « représentant unique et légitime du peuple palestinien ».

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Dans l’intervalle, deux conflits israélo-arabes – aussi courts que meurtriers – auront recomposé le Moyen-Orient : la guerre des Six-Jours de 1967 et la guerre d’octobre 1973, longue de dix-huit jours (dénommée « guerre du Kippour » par Israël et « guerre du Ramadan » par les Arabes). Une paix séparée est conclue en 1979 entre l’Egypte et Israël, qui a ainsi les mains libres pour tenter d’écraser l’OLP à Beyrouth. Cette guerre de trois mois au Liban ouvre un cycle toujours en cours de conflits israélo-palestiniens de longue durée, au bilan humain à chaque fois plus effroyable que le précédent, depuis la première Intifada de 1987-1993 et la seconde Intifada de 2000-2005, jusqu’aux guerres de Gaza de 2008-2009, 2012, 2014, 2021 et 2023-2024.

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