Greta Thunberg pourrait presque passer inaperçue parmi les quelques centaines de manifestants rassemblés à Saïx, dans le Tarn, samedi 10 février, pour protester contre le projet de l’autoroute A69. C’est à pied, sous une pluie battante, que l’une des figures mondiales de la lutte contre le réchauffement climatique rejoint, en fin de matinée, la manifestation baptisée La Cabanade.
Elle a répondu à l’appel de militants et collectifs anti-A69, un chantier déjà lancé qui vise à transformer l’actuelle route nationale 126 en voie à péage de 53 kilomètres entre Toulouse et Castres. Le rassemblement se déroule sur deux jours sous le vaste hangar vert d’une exploitation agricole mise à disposition par son propriétaire.
Capuche grise sur la tête, keffieh palestinien autour du cou et chaussures de randonnée bleues aux pieds, Greta Thunberg se mure dans un premier temps dans le silence, entourée par une délégation de six militants internationaux. « C’est de la folie de maintenir un tel projet qui va mettre en péril la qualité de vie des habitants », finit-elle par lâcher, poussée à réagir par les journalistes présents, venus en nombre. « On perd des ressources précieuses. Cela détruira la nature et les terres viables. Cela va nous piéger dans un système toxique d’exploitation et de pollution. Ceci doit cesser », exhorte-t-elle.
« Mépris de notre territoire »
Une prise de parole saluée par Thomas Brail, l’arboriste grimpeur très engagé contre l’A69. « Elle remet un coup de projecteur sur ce projet stupide », s’est félicité M. Brail, qui en septembre 2023 avait entamé une grève de la faim puis de la soif en guise de protestation.
De son côté, Christophe Ramond, président socialiste du conseil départemental du Tarn et fervent défenseur de cet axe autoroutier, a qualifié la venue de Greta Thunberg de « show ». « Au fond, tout ce cirque traduit de la part des protestataires professionnels un profond mépris de notre territoire, de ses habitants et des responsables publics qui, au quotidien, bâtissent des politiques environnementales cohérentes pour l’avenir du Tarn », a réagi l’élu dans un communiqué, rappelant que le chantier est « légitime car il a été validé par toutes nos institutions démocratiques ».
Le 1er mars 2023, les préfectures du Tarn et de Haute-Garonne accordaient au concessionnaire Atosca les autorisations environnementales nécessaires pour démarrer le chantier de l’autoroute. Près d’un an plus tard, mardi 6 février, Martial Gerlinger, son directeur général, assurait lors d’une conférence de presse que le planning serait « tenu », avec une mise en service de l’A69 prévue pour la fin 2025. Si les travaux préparatoires à la déviation des réseaux et au début de la construction des ouvrages de franchissement ont été réalisés, le déboisement du terrain d’un riverain exproprié situé au lieu-dit la Crémade, à Saïx, n’a pu être terminé.
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