Close

Le Mali, le Niger et le Burkina Faso annoncent sortir de la Cedeao : « coup politique » ou « décision la plus bête depuis le Brexit » ?

Rassemblement pour célébrer le départ du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), à Bamako, le 1er février 2024.

Dans les rues de Bamako, des centaines de personnes ont manifesté, jeudi 1er février, leur soutien après l’annonce du retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Créé en 1975 pour renforcer la coopération et l’intégration régionale, ce bloc, composé de quinze Etats, tentait depuis des mois de pousser à un retour des civils à la tête de ces pays dirigés par des juntes, allant même jusqu’à menacer un temps d’une intervention militaire inédite au Niger.

« C’est le début d’une nouvelle étape dans la vie de nos nations, s’est enthousiasmé, dans la capitale malienne, Mahamane Niare, porte-parole d’une organisation de jeunesse interrogé par l’Agence France-Presse. On fera face à des moments difficiles, mais en travaillant et en nous donnant la main dans les trois pays, on pourra surmonter toutes ces difficultés. » Au Burkina Faso, le premier ministre, Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla, a évoqué une décision « mûrement réfléchie », reconnaissant qu’elle ne serait « pas sans conséquences sur [leurs] Etats et leurs économies ».

Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, qui sont dirigés par des militaires depuis respectivement 2020, 2022 et 2023, comptent parmi les vingt économies les plus pauvres au monde. Leur PIB par habitant se situe au-dessous de 2 500 dollars annuels (2 320 euros) en parité de pouvoir d’achat, selon la Banque mondiale. Ces trois Etats sahéliens sont dépourvus d’accès à la mer, les obligeant à importer et à exporter, via leurs voisins côtiers, comme la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo, le Ghana ou le Nigeria. La Cedeao garantit notamment la libre circulation des biens et des personnes. Ce retrait − il sera effectif dans un an, selon les statuts du bloc, et « sans délai », selon les trois gouvernements − devrait donc avoir des répercussions économiques.

Commerce intracommunautaire limité

Pour Charlie Robertson, chef de la stratégie macroéconomique chez FIM Partners, cette décision n’est rien de moins que « la plus bête depuis que le Royaume-Uni a voté le Brexit ». « Ils représentent 8 % du PIB de la Cedeao et perdent l’accès à des marchés comme le Nigeria et le Ghana, qui, ensemble, totalisent un PIB de 467 milliards de dollars », ajoute-t-il dans une note écrite. Interrogé par des journalistes, le directeur du département Afrique du Fonds monétaire international, Abebe Aemro Sélassié, a, de son côté, souligné que les trois Etats allaient en être les premiers perdants, faisant notamment face à « des coûts transactionnels plus élevés ».

Il vous reste 60% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top