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« Prendre le Rassemblement national au mot pour tenter de le faire baisser, le pari de Gabriel Attal »

Le coup de fièvre agricole qui vient d’agiter le pays résume assez bien l’ambiance dans laquelle le gouvernement de Gabriel Attal effectue ses premières armes : elle est explosive non seulement parce qu’un grand nombre de professions sont en droit de douter, comme les agriculteurs, de leur capacité à vivre correctement du fruit de leur travail, mais aussi parce que la campagne des élections européennes de juin ouvre la voie à toutes les surenchères et toutes les récupérations.

Le gouvernement n’a pas été long à comprendre qu’il n’avait pas les moyens de tenir un long siège face à un mouvement fortement soutenu par l’opinion publique. Il s’est d’emblée mis en position d’écoute et de compréhension puis a tranché en évaluant ce qui, au-delà des 400 millions d’euros promis (une somme non négligeable compte tenu des contraintes budgétaires rappelées durant la même semaine par le premier ministre), lui coûterait le moins politiquement.

Le résultat est sans appel : l’écologie est en berne avec l’abandon de la surtaxation du gazole non routier, le gel du plan écophyto 2030, qui devait aboutir à une réduction de 50 % de l’utilisation des pesticides, et la promesse de couper court à l’inflation normative dénoncée comme asphyxiante par les agriculteurs. Le concept de souveraineté est en hausse avec la mise en avant par le premier ministre d’une « exception agricole française » ou encore la bataille quasi solitaire menée à Bruxelles par Emmanuel Macron contre le Mercosur, ce traité de libre-échange actuellement en négociation entre l’Eu­rope et quatre pays d’Amérique du Sud, dont le Brésil et l’Argentine.

Le Rassemblement national n’a pas remporté la bataille idéologique contrairement à ce que son président, Jordan Bardella, claironne partout, mais ses thèses incontestablement infusent comme celles de l’extrême droite partout en Europe. Dans ces conditions, la tonalité de la campagne des élections européennes n’est plus exactement celle de 2019. A l’époque, les affiches de campagne du parti présidentiel « En marche pour l’Europe !  » insistaient sur la dynamique d’une construction dont le président de la République se concevait comme moteur et qui devait, grâce aux succès engrangés, venir progressivement à bout des forces du repli.

Prendre le RN au mot

Cette fois, l’aspect défensif domine avec un « Besoin d’Europe », conçu en complément et dans le prolongement d’une souveraineté française sans cesse exaltée dans la déclaration de politique générale du premier ministre. Dès le début de son discours prononcé le 30 janvier devant les députés, Gabriel Attal a glorifié la France présentée comme « une puissance », « un repère », « un idéal », « un patrimoine », « un héritage moral ».

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