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Motion de censure à l’Assemblée nationale : la gauche impose à Gabriel Attal un « vote de défiance »

Le premier ministre, Gabriel Attal, lors de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, à Paris, le 30 janvier 2024.

« Je ne m’habitue pas. » Le 30 octobre 2023, alors que la première ministre, Elisabeth Borne, affronte une énième motion de censure, elle use de cette anaphore pour signifier aux groupes de gauche son refus de « [s]’habituer » à cette situation. Ce lundi 5 février à 10 heures, son successeur, Gabriel Attal, va expérimenter à son tour les joies de la motion de censure à l’Assemblée nationale. Un cadeau de bienvenue déposé par les groupes « insoumis », écologiste, socialiste et communiste.

La gauche n’a pas l’intention de donner sa chance à l’ancien militant socialiste. L’initiative a été lancée, mardi 30 janvier, avant même le discours de politique générale du nouveau premier ministre. « C’est une motion de confiance-défiance puisque M. Attal n’a pas voulu se soumettre à un vote de confiance », explique Boris Vallaud, président du groupe socialiste. La gauche a écouté, pas toujours en silence, le discours de l’hôte de Matignon, et y a surtout vu des œillades à la droite.

« Il faut que ce gouvernement tombe, tombe vite », a même lancé Matthias Tavel (La France insoumise, LFI), député de Loire-Atlantique. Dans la rédaction de leur texte, les quatre groupes qualifient Gabriel Attal de « capitaine d’un bateau à la dérive » prêt à user de l’article 49.3 de la Constitution, qui permet d’adopter un texte sans vote, comme sa prédécesseure. « A peine constitué, ce gouvernement irresponsable collectionne déjà les scandales et motifs de défiance », écrivent les députés de gauche.

Atermoiements de LR

Mais le premier ministre peut rester serein. Sans les voix de la droite et de l’extrême droite, la motion n’a aucune chance d’atteindre les 289 voix requises pour entraîner la chute de son gouvernement. Cette initiative « permettra de clarifier : ceux qui protestent contre la politique gouvernementale ont l’opportunité d’y mettre un terme », argumente Manuel Bompard, coordinateur de LFI.

Comme d’autres à gauche, le député des Bouche-du-Rhône regarde les atermoiements du groupe Les Républicains (LR) au sujet du dépôt de sa propre motion de censure. Eric Ciotti ne fait pas de mystère : « Nous ne voterons pas la motion de censure des “insoumis” », a rapporté le président de LR, dès mardi 30 janvier. Mais, parmi les plus antimacronistes, certains œuvrent activement à vanter cette démarche auprès de leurs collègues les plus récalcitrants.

C’est tout le paradoxe. Réduit à soixante-deux unités, le groupe LR a peu de marge de manœuvre pour obtenir les cinquante-huit signatures nécessaires au dépôt d’une motion de censure, mais son chef, Olivier Marleix, répète que seule une motion présentée par ses troupes pourrait faire tomber le gouvernement avec l’appui des voix du Rassemblement national (RN) et de la gauche. « Si elle se concrétise, je ne vois pas pourquoi nous ne la voterions pas », admet d’ailleurs M. Bompard. Mais la motion de la droite reste à l’état de menace.

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