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« Le premier indicateur du coût du logement n’est pas celui de sa construction, mais celui du terrain »

Labsence de ministre du logement dans le gouvernement actuel est pointée par les professionnels de l’immobilier comme une carence à combler au plus tôt, aux fins d’apporter des solutions à la crise immobilière actuelle qui affecte la question du logement. De fait, les indicateurs montrent une baisse du nombre de logements livrés en 2023, la chute des transactions et l’augmentation des besoins non satisfaits.

C’est ainsi que les acteurs de l’immobilier, au premier rang desquels on trouve les promoteurs, en appellent à l’Etat, afin d’augmenter les dispositifs d’aides publiques à la construction de nouveaux logements. Effectivement, depuis un peu plus d’un siècle, la politique du logement en France est gérée par l’Etat, omniprésent bien sûr dans le logement social mais aussi auprès des opérateurs privés, au rythme des crises de l’immobilier : création des offices publics d’HBM [habitations bon marché] en 1912, blocage des loyers en 1919, « plan Courant » en 1953 destiné à relancer la construction, développement de la promotion immobilière par les prêts bonifiés, politique d’appui à la construction de maisons individuelles dans les années 1970, etc.

En 1973, près des deux tiers de la production de logements bénéficient d’aides directes de l’Etat. La fin des « trente glorieuses » marque la réorientation de cette politique d’« aide à la pierre » (aide directe aux constructeurs) vers l’aide à la personne (aide à l’acquéreur et au locataire).

Nonobstant, les aides de l’Etat sont encore substantielles, tant dans le secteur HLM qu’en direction des acteurs privés, notamment en faveur de l’investissement immobilier. Depuis plus de trente ans, les lois Périssol, Besson, Robien, Scellier, Duflot, Pinel soutiennent la construction de logements neufs, essentiellement aux mains de promoteurs privés.

Trente milliards d’euros par an

Encore aujourd’hui, l’Etat consacre plus de 30 milliards d’euros par an à la politique du logement, gérée par les gouvernements successifs. C’est un réel appui à la filière construction, entreprises et promoteurs confondus. Et mis en perspective depuis 1953, on pourrait en conclure que le secteur de la promotion immobilière a toujours été sous perfusion des aides de l’Etat. De fait, durant les vingt dernières années, ce sont bien les avantages fiscaux et le financement du logement social qui ont permis à ces professionnels de maintenir une activité soutenue malgré les soubresauts du marché.

Plus de la moitié des logements sociaux sont aujourd’hui réalisés par les promoteurs, vendus directement aux gestionnaires de logements sociaux ou donnés en gestion au travers de l’usufruit locatif social. Pour autant, ces moyens mis à la disposition des promoteurs par l’Etat n’ont pas permis d’éviter la crise actuelle. Faut-il renforcer les aides à la construction ? Dans le contexte actuel des finances publiques, il est peu probable que les aides de l’Etat puissent augmenter significativement. En supprimant le poste de ministre du logement, le gouvernement n’envoie-t-il pas un signe, dans ce sens, aux professionnels ? Dès lors, comment sortir de cette crise ?

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